Page:Dubois - Le Pantcha-Tantra ou les cinq ruses.djvu/263

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

Des reproches, ils passèrent bientôt aux imprécations, chacun d’eux la maudissait de son côté avec les signes du désespoir le plus violent. Puissé-je voir ta source se tarir ! disait l’un ; puisse ton lit se dessécher sans laisser un seul vestige qui annonce aux races futures que tu fus autrefois une rivière !

Puissent, disait l’autre, les poissons et les grenouilles qui nagent dans tes eaux, te dévorer toute vivante de manière à te rendre aussi sèche que le sable aride qui se trouve sur tes deux bords !

Puisse-t-il, disait un troisième, survenir une sécheresse générale ! Puisse le ciel ne pas laisser échapper une goutte de pluie pendant trois ans, pour que les sources, taries jusqu’à la dernière, ne t’envoient plus une seule goutte d’eau ! Puissé-je voir les mouches et les fourmis se promener sur ton lit et insulter impunément à ton impuissance !

Puisses-tu, disait un quatrième, être dévorée par le feu, depuis ta source jusqu’à ton embouchure !

Puisses-tu, disait le dernier, te trouver sans humidité et sans fraîcheur, et puisse ton lit ne contenir à l’avenir que des cailloux, des ronces et des épines !