Page:Dubois - Le Pantcha-Tantra ou les cinq ruses.djvu/264

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Pendant que Paramarta et ses disciples, les signes du désespoir dépeints sur toute leur contenance, maudissaient ainsi la rivière, un voyageur vint à passer : il écouta quelque temps en silence leurs plaintes amères ; enfin, s’approchant d’eux avec un air de compassion, il leur demanda le sujet d’une si profonde douleur.

Le gourou, non sans interrompre fréquemment son récit par des pleurs et des gémissemens, lui raconta au long toutes les contradictions qu’ils avaient éprouvées ce jour-là, et surtout l’accident fatal qui les avait privés d’un de leurs compagnons au passage de la rivière, puisque, de six qu’ils étaient avant de la traverser, ils ne se trouvaient plus à présent que cinq, comme ils s’en étaient assurés par le dénombrement plusieurs fois répété par Idiot. Le voyageur reconnut à ce récit jusqu’à quel point Paramarta et ses disciples poussaient la simplicité, et voulant tirer avantage de leur grossière stupidité :

J’avoue, leur dit-il, qu’il ne pouvait pas vous arriver un plus grand malheur que celui-ci. L’excès de douleur dont je vous vois accablés me touche sincèrement, et je suis tout disposé à vous être utile, et à réparer la perte que vous