ruines ; on ne s’aperçoit pas qu’il contraste avec ce décor de ville expirante. De grandes silhouettes bleues et blanches circulent avec activité. Des chapelets de chameaux, d’ânes et de porteurs volumineusement chargés, encombrent les voies en même temps que des écroulements. On n’entend guère que s’entrecroisent tous les idiomes du Sahara, du Soudan et d’ailleurs, depuis la Méditerranée et l’Atlantique jusqu’au lac Tchad, au pays de Kong et au Sénégal. On ne distingue pas
sous les turbans blancs, sous les fez rouges et les bonnets, les
types les plus divers des races nègre, arabe et berbère, Songhoïs,
Mossis, Bambaras, Toucouleurs, Malinkés pour les
noirs, Foulbés, Maures, Touaregs, Marocains, Tripolitains
pour les blancs. Cet amalgame humain est si tristement vêtu,
son pelage négligé, pauvre et crasseux est tellement en harmonie
avec les ruines, qu’il se confond avec elles.
La déception a été si vive que l’équilibre de la vue et du jugement se trouve rompu.
Ce n’est pas seulement l’illusion extérieure, le mirage éva-