l’on sait, de l’empire foulbé. Les autorités locales s’étaient empressées d’envoyer un message à Hamdallaï, résidence d’Ahmadou-Ahmadou, pour l’informer de l’arrivée du voyageur. Très froissé de voir un ambassadeur se rendre à Tombouctou sans lui présenter ses hommages, sans lui adresser des cadeaux, sans lui demander la permission de pénétrer dans une de ses villes, sans même l’en informer, le roi envoya l’ordre de s’emparer de l’étranger et de le lui amener. L’arrivée de cet ordre et d’une troupe de guerriers chargés de l’exécuter coïncida, heureusement pour Barth, avec le retour du cheik.
El Backay, très flatté de recevoir un ambassadeur, voyant tout le parti qu’il en pouvait tirer pour remonter son prestige, ravi de faire pièce au gouvernement foulbé qui avait contrarié ses ambitions, prit très formellement et très courageusement la protection de Barth. « L’étranger est dans ma main : coupez-la d’abord, si vous voulez le prendre », répondit-il fièrement aux envoyés. Cet incident bouleversa Tombouctou. Les autorités firent des démarches pour engager le cheik à revenir sur sa résolution. En vain. On se disposait à attaquer protecteur et protégé afin d’enlever ce dernier de force. Alors tous deux quittèrent la ville et se réfugièrent dans un campement des environs. Bref, Backay fut forcé d’appeler à son aide les pires ennemis de Tombouctou, les Touaregs ; grâce à eux, Barth parvint à échapper au sort de Laing et à rentrer en Europe.
Depuis le jour de son arrivée jusqu’à l’heure de son départ, l’explorateur vécut donc à Tombouctou en prisonnier, confiné dans sa maison où ses serviteurs et ceux de son hôte montaient la garde. Pas même un jour il n’a pu visiter librement la ville, ni s’y promener même une heure. Il en vit quelques rues seulement, en passant, entouré d’une escorte, quand le cheik et lui allaient se réfugier dans le Désert pour échapper à l’hostilité de la population, ou lors-