Page:Dubos - Histoire critique de l'établissement de la monarchie françoise dans les Gaules, Tome I, 1742.djvu/120

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toûjours executée, parce qu’il n’avoit qu’à donner ordre à celui qui devoit payer ces Soldats, et qui lui étoit subordonné, de retenir la somme qu’il les avoit condamnés à perdre. Zosime reprend la parole :

» Il n’en est plus de même aujourd’hui ; c’est un Officier qui commande les Troupes, & qui est chargé du soin de leur faire observer la discipline Militaire ; & c’est un autre Officier qui leur fait toucher leur solde & qui pourvoir à leur subsistance. Chacun de ces Officiers veut être le maître de se conduire à son gré dans l’exercice des fonctions attachées à son emploi. Il ne veut faire executer ce qui est du ressort de son ministere, que par les subalternes dépendans de lui. Constantin donna encore à l’ordre établi avant lui, une atteinte, qui dans la suite a ouvert aux Barbares les portes du territoire de l’Empire. Comme nous l’avons déja dit (c’est toûjours Zosime qui parle) Diocletien avoit eu la prévoyance de garnir la frontiere de l’Empire de Places de guerre, & de Bourgs ou de Camps retranchés, dans lesquels les Troupes étoient reparties, de maniere que les Barbares qui vouloient faire une invasion dans l’Empire, avoient bien-tôt en tête un Corps d’armée. Mais Constantin dénua la frontiere de cette espece de rampart. Il en retira la plus grande partie des Troupes qu’on y logeoit, & il les dispersa dans l’interieur du Païs, ou bien il les mit en garnison dans des Villes qui n’étoient point exposées, tandis qu’il laissoit presque sans défense les lieux qui l’étoient véritablement. Ainsi, d’un côté la frontiere resta dégarnie, & de l’autre nos Soldats s’amollirent en logeant sous le toît, en menant une vie bourgeoise, & en passant leur tems dans les Cirques ou au Théâtre. Il est même encore arrivé que les Villes où sans nécessité l’on avoir mis des Garnisons, en ont été tellement vexées, que quelques-unes se