Page:Dubos - Histoire critique de l'établissement de la monarchie françoise dans les Gaules, Tome I, 1742.djvu/185

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sistoit pas en ce que Constantin eût exempté sept mille citoïens de la capitation, mais en ce qu’au lieu d’exiger de tous les contribuables vingt-cinq mille cotte-parts, il s’étoit réduit à exiger dix-huit mille cotte-parts. « Votre remise de sept mille cotte-parts, dit Eumenius, a rendu les forces à vingt-cinq mille personnes qui en étoient aux abois. En perdant sept mille têtes, vous en avez sauvé vingt-cinq mille. Ce ne sont pas sept mille hommes qui vous ont obligation de leur conservation, ce sont vinge cinq mille. » Dès que la remise faite par Constantin avoit operé un soulagement général, ne faut-il pas que tous les contribuables, du moins ceux qui étoient surchargés, eussent profité de cette diminution. Il est aisé de concevoir que nos vingt-cinq mille contribuables n’étant plus obligés qu’à payer dix-huit mille cotte-parts, on aura pû associer ensemble deux ou trois des moins aisés pour payer une seule cotte-part ; les plus aisés auront payé, les uns quatre cinquiémes, et les autres les trois quarts d’une tête. C’est ainsi que sous nos rois de la troisiéme race, les villes qui avoient souffert une diminution considerable de citoïens, obtenoient du prince une diminution de feux  ; c’est-à-dire, la réduction du nombre des feux, sur chacun desquels le souverain percevoit une certaine somme, à un nombre moindre. La ville, qui suivant le dernier cadastre, devoit par exemple payer l’aide pour trois-cens feux, obtenoit une remise, en vertu de laquelle cette même ville ne païoit plus que pour deux-cens cinquante. Par là tout le monde se trouvoit soulagé.

Nous avons une loi des empereurs Valens et Valentinien, qui regnerent environ trente ans après la mort de Constantin Le Grand, laquelle change notre conjecture en certitude. Cette loi adressée au préfet du pretoire, dit : « Au lieu que jusqu’ici chaque homme a payé lui seul une cotte-part entiere de la Capitation, & que deux femmes ont payé à elles deux une de ces cotte-parts, nous voulons bien que désormais on associe deux hommes, & même trois, pour payer une seule de ces cotte-parts, & qu’on associe de même jusqu’à quatre femmes pour en payer une. » Quoique la remise faite ici par nos empereurs soit differente, quant à la valeur, de celle qui avoit été faite par Constantin Le Grand à la cité d’Autun, on voit