Page:Dubos - Histoire critique de l'établissement de la monarchie françoise dans les Gaules, Tome I, 1742.djvu/189

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

dont je viens de parler ; et l’empereur Pertinax[1] fut condamné, dans le tems qu’il étoit déja chef de cohorte, à faire à pied une longue traite, pour s’être rendu coupable d’un pareil délit. Il seroit inutile de rapporter ici toutes les loix qui sont dans le code concernant la poste romaine[2], et je me contenterai de dire que lorsque les chevaux que le prince entretenoit dans les maisons bâties sur les voyes militaires ne suffisoient point, les habitans qui demeuroient à une certaine distance de ces maisons-là, étoient tenus de fournir des leurs, afin que le service ne souffrît point de retardement. Si le nombre de chevaux qu’on pouvoit ramasser dans cette étenduë de païs n’étoit pas encore suffisant, les habitans des contrées voisines de ce canton-là, étoient obligés subsidiairement, d’y suppléer, en donnant de leurs chevaux.

Dès le quatriéme siécle, l’empire romain se vit dans la nécessité de contraindre très-souvent les communautés à lui fournir des hommes pour recruter les troupes. Tant qu’il avoit été florissant, l’envie de se distinguer et l’espérance d’obtenir les riches récompenses qu’il distribuoit, lui avoient fait trouver presque toujours plus de soldats qu’il n’en vouloit avoir sous ses enseignes. Il ne les achetoit point alors, il les choisissoit. Mais ses disgraces ayant dégouté les sujets du service, Rome qui avoit trouvé assez de soldats pour conquérir le monde, en manquoit pour défendre l’Italie. Ainsi non-seulement, comme nous l’avons dit ailleurs, les empereurs furent contraints dès le quatriéme siécle à prendre des barbares à leur service ; il leur fallut obliger les fils des véterans à s’enrôler, et demander encore aux communautés des hommes de recruë. Nous voyons par une lettre de Symmachus, qui vivoit dans ce siécle-là, qu’on évaluoit du moins quelque fois, à une certaine somme d’argent chaque soldat qu’une communauté étoit dans l’obligation de fournir, et que cette obligation devenoit ainsi une taxe pécuniaire. Apparemment que les deniers qui en provenoient servoient à donner un engagement à ceux qui venoient s’enrôler volontairement. Symmachus se plaint dans la lettre que nous citons, et qu’il écrit à un de ses amis, pour l’exciter à lui rendre service : que les commis des décurions d’une contrée où il avoit du bien, vouloient contraindre celui qui faisoit ses affaires sur les lieux à contribuer pour faire un soldat de recruë, sans lui faire voir

  1. Capitolinus in Pertinace.
  2. Lib. 12. tit. 5. De cursu publico & angariis & parangariis.