Page:Dubos - Histoire critique de l'établissement de la monarchie françoise dans les Gaules, Tome I, 1742.djvu/191

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avoit fait préfet du prétoire de Constantinople, ôta la levée des impositions aux curies des cités, pour la donner à des officiers qu’il établit à cet effet dans chaque district, et qu’on trouva bon d’appeller les défenseurs du fisc. Evagrius ajoute qu’il arriva deux inconveniens de cette nouveauté ; l’un, que les impositions furent bien-tôt augmentées. L’officier municipal qui ne doit exercer que durant un tems, la commission de faire payer par ses compatriotes leur part et portion des charges publiques, a interêt par deux raisons, de rendre le fardeau le plus leger qu’il lui est possible. Une portion de ces charges, doit être bien-tôt imposée sur lui-même par une main étrangere. En second lieu, quand l’imposition est médiocre, il l’asseoit sans peine, et il en fait sans peine le recouvrement. Ainsi l’officier municipal est toujours porté à trouver qu’il est impossible d’augmenter les impositions. Le citoïen qui n’a point d’autre profession que celle de lever les droits et les revenus du souverain, a interêt de parler et d’agir bien differemment. L’autre inconvénient qui résulta de la nouveauté introduite par Anastase, fut que les villes déchurent de leur splendeur : car avant ce changement les personnes des meilleures familles se faisoient mettre sur les rôles des curies de leur cité, parce qu’alors la curie y étoit considerée comme un second sénat, au lieu que depuis ce changement elles cesserent de se faire inscrire sur ces rôles. Mais d’autant que l’empereur Anastase qui monta sur le trône de Constantinople en quatre cens quatre-vingt-onze, et quand l’empire d’occident avoit été déja presque entierement envahi par les barbares, n’eut jamais qu’une autorité précaire dans les Gaules, on n’aura point de peine à croire que le changement qu’il lui plut de faire à l’administration des finances de l’empire d’Orient, n’eut point lieu dans cette province.

Quand bien même toutes les impositions dont nous venons de parler, et dont le produit composoit la seconde branche du revenu des empereurs, auroient été assises avec justice, et levées avec clemence, elles se montoient si haut, qu’il n’étoit pas possible qu’elles ne fussent très à charge aux peuples. Mais la ma-