Page:Dubos - Histoire critique de l'établissement de la monarchie françoise dans les Gaules, Tome I, 1742.djvu/202

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sions ; en partie dans les biens dévolus au domaine de l’Etat, soit par confiscation, soit par déshérence, soit enfin par la mort du dernier possesseur décedé sans laisser un héritier capable de tenir le demembrement du domaine dont son auteur avoit eu la joüissance à titre de bénéfice militaire, ou autrement. Les terres qui revenoient de tems en tems au domaine, et dont il se mettoit réellement en possession, remplaçoient celles que les empereurs pouvoient donner aux Romains et aux barbares qui portoient les armes pour le service de l’Etat. Voilà pourquoi, comme nous l’avons déja remarqué, l’empire étoit encore propriétaire dans les tems de sa décadence, d’une grande quantité de métairies et autres fonds de terre.

Quelle étoit la somme à laquelle se montoit le produit de tous les revenus que les derniers empereurs avoient dans les Gaules ? C’est ce qu’on ne sçauroit dire. Nous voyons bien dans Eutrope que la subvention imposée par César à celles des cités des Gaules obligées en vertu de la condition dont elles étoient à payer tribut, ne se montoit qu’à dix millions de livres ou environ. Il faut que cette somme eût été considerablement augmentée bien-tôt aprés, puisque Velleïus Paterculus dit, que lorsqu’Auguste conquit l’Egypte quatorze ou quinze ans après la mort de Jules-César, Auguste augmenta le revenu de l’Etat d’une somme aussi forte que celle dont Jules-César l’avoit acrûë par la conquête des Gaules. Or Auguste en faisant la conquête de l’Egypte, augmenta de six millions d’écus ou de dix-huit millions de nos livres, le revenu de l’empire. Au rapport de Diodore de Sicile, qui vivoit du tems de ce prince, l’Egypte rendoit par chacune année aux Ptolomées sur qui les Romains la conquirent, six mille talens.

Au regard des Gaules, il y a deux choses à observer. La premiere est, qu’il n’est pas bien clair si Eutrope entend par le mot de tribut, le tribut public seulement, ou généralement tous les revenus que l’empire tiroit des Gaules. L’autre, c’est qu’il est très probable qu’Auguste augmenta encore ce revenu, quand l’an de Rome sept-cens vingt-sept, et deux ans après qu’il eût