Page:Dubos - Histoire critique de l'établissement de la monarchie françoise dans les Gaules, Tome I, 1742.djvu/226

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Il est vrai que Probus ne nomme point les Francs ni leur païs dans cette lettre ; mais nous sçavons d’ailleurs que c’étoit à eux qu’il venoit d’avoir affaire quand il l’écrivit. Zosime dit que Probus avoit entrepris son expédition dans les Gaules pour mettre en sûreté les cités des deux provinces germaniques, où les barbares qui habitoient sur la rive droite du Rhin, faisoient des incursions, et que dans le cours de cette expédition les generaux romains avoient défait un gros corps de Francs.

Je supplie le lecteur de faire ici une observation nécessaire pour bien expliquer le passage de Zosime qui vient d’être rapporté, et plusieurs autres passages d’auteurs ses contemporains, sur lesquels des écrivains modernes se sont trompés quelquefois. Cette observation est qu’il faut y entendre souvent par la Germanie absolument dite, non point la Germanie qui étoit sur la droite du Rhin, ou si l’on veut la grande Germanie, mais les deux provinces germaniques qui étoient sur la gauche du Rhin, et qui faisoient deux des dix-sept provinces des Gaules. Il n’y auroit pas de sens dans le passage de Zosime si l’on entendoit de la grande Germanie ce qui s’y trouve dit de la Germanie. Il en est de même de plusieurs passages des auteurs contemporains de Zosime ; et par conséquent on ne sçauroit douter qu’il ne les faille entendre de la Germanie gauloise. Par exemple, on ne sçauroit douter que le nom de Germanie ne soit emploïé pour dire les provinces germaniques des Gaules dans le passage suivant qui est tiré de l’un des fragmens de Sulpitius Alexander, que Gregoire de Tours nous a conservés. » En ce tems-là les Francs sous le commandement de Genobaudés, de Marcomer & de Sunon, firent une irruption dans la Germanie, & franchissant la frontiere de l’Empire, ils y mirent à feu & à sang les Contrées les plus fertiles. Les habitans de Cologne tremblerent même pour leurs foiers durant cette incursion. Dès qu’on en eût appris la nouvelle à Tréves, Naniemus & Quintinus rassemblerent l’armée, à la tête de laquelle ils s’avancerent jusqu’à Cologne. Mais l’ennemi chargé de butin qu’il avoit fait