Page:Dubos - Histoire critique de l'établissement de la monarchie françoise dans les Gaules, Tome I, 1742.djvu/227

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en pillant le meilleur Païs de nos Provinces , repassa le Rhin.»

Je reviens à la politique, suivant laquelle les Romains se conduisoient avec les nations barbares qui habitoient sur la frontiere de l’empire. Elle leur aura donc fait rechercher l’amitié des Francs dès que ces derniers se furent une fois établis sur la rive droite du Rhin, ce qui arriva vers le milieu du troisiéme siécle, ainsi qu’on vient de le dire. Comme nous ne pouvons pas sçavoir rien de plus précis concernant la date de cet établissement, nous ne pouvons pas sçavoir non plus en quel tems précisément fut fait le premier traité de paix, de bonne correspondance et d’alliance entre les Romains et les Francs. On ne trouve rien concernant ce traité original dans les auteurs anciens, qui font seulement mention de son renouvellement. Il en est parlé dans un passage de Sulpitius Alexander, où l’on lit : que le tyran Eugéne proclamé empereur en trois-cens quatre-vingt onze, renouvella suivant l’usage les anciens traités d’alliance avec les rois des Francs, et avec les rois des Allemands. Une alliance qui est traitée vers l’année trois-cens quatre-vingt onze d’ancienne alliance, et qu’on disoit dès lors, avoir été déja renouvellée plusieurs fois, devoit avoir été contractée il y avoit long-tems, et un petit nombre d’années après l’an de Jesus-Christ deux-cens cinquante. C’est le tems où il est probable, comme je viens de le dire, que la nation des Francs se forma et qu’elle s’établit sur la rive droite du Rhin. Quelles étoient les conditions de ces premiers traités d’alliance ? Je n’en sçais rien positivement. Ce qu’on peut conjecturer, c’est qu’attendu l’inégalité des parties contractantes, ils étoient de la nature de ceux que les Romains appelloient alliance inégale foedus inaequale , et que par conséquent ils furent pour eux un titre qui les autorisoit à exiger des Francs une espéce de sujetion. Voilà pourquoi les Francs l’ont appellé quelquefois, le joug que les Romains leur avoient voulu imposer.

Le meilleur moyen que les Romains pussent employer pour obliger les nations barbares établies sur la frontiere, à laisser en paix le territoire de l’empire, nous venons de le dire, c’étoit celui d’engager ces peuples à cultiver leurs propres terres, et à élever du bétail. Dès que les hommes ont de quoi vivre chez eux, dès qu’ils ont quelque chose à perdre, ils deviennent plus circonspects et moins entreprenans. D’ailleurs le Romain profitoit en-