Page:Dubos - Histoire critique de l'établissement de la monarchie françoise dans les Gaules, Tome I, 1742.djvu/249

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de ce tems-là, et ces détails montrent que les mœurs et les usages de nos Scythes étoient semblables à ceux de la plûpart des Tartares. Les Scythes, ainsi que la plus grande partie des hordes des Tartares, n’avoient d’autre domicile que des hutes construites sur des chariots, et s’il est permis de s’expliquer ainsi, souvent ils transportoient d’une contrée à l’autre ces bourgades ambulantes. C’étoit dans ces cabanes portatives que leurs femmes faisoient leurs couches, et qu’elles élevoient leurs enfans.

Un des usages particuliers aux Tartares, c’est quand ils ont faim, de saigner leurs chevaux, et d’en avaler le sang, tel qu’il est sorti de la veine, pour se sustenter. Les Huns, au rapport d’Isidore de Seville, faisoient la même chose.

Tout le monde a entendu parler de la vîtesse singuliere des chevaux Tartares, qui tout rosses qu’ils paroissent, fournissent néanmoins à des traites qui seroient impossibles aux meilleurs chevaux des autres païs. Vopiscus raconte qu’on présenta un jour à Probus un cheval pris à la guerre sur les Alains, ou sur quelqu’autre nation du païs où ce prince tenoit alors la campagne, et que les captifs assuroient que cet animal, assez chetif en apparence, faisoit cent milles ou trente-cinq lieuës par jour, et qu’il pouvoit faire chaque jour la même traite durant dix journées consécutives. Probus n’en voulut point, en disant que ce cheval étoit plûtôt le fait d’un homme qui vouloit s’enfuïr, que la monture d’un homme qui vouloit combattre.

Si les Tartares sont bons hommes de cheval, les Huns paroissoient des centaures. Ils tiroient de l’arc étant à cheval, avec autant de justesse que s’ils avoient eu les deux pieds sur terre ; et c’est ce qui les rendoit la terreur des Gots, qui presque tous étoient fantassins, et dont les armes principales étoient l’épée, et un javelot qu’ils ne sçavoient point lancer étant à cheval. Un endroit des plus curieux de l’histoire de la guerre de Justinien contre les Ostrogots, c’est celui où Pro-