Page:Dubos - Histoire critique de l'établissement de la monarchie françoise dans les Gaules, Tome I, 1742.djvu/270

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celle de ses propositions par laquelle il avoit demandé qu’on mît un Romain sa créature, à la place d’Honorius. Attalus, c’est le nom de ce phantôme de prince, fut proclamé empereur dans Rome avant qu’Alaric levât son blocus.

Voilà quelle étoit la situation des affaires dans l’empire d’Occident à la fin de l’année quatre cens neuf. Au commencement de l’année suivante, l’armée que Constantin avoit envoyée en Espagne sous les ordres de son fils Constans, y battit les Romains du parti, qui sans égard pour le traité dont nous avons fait mention, ne vouloit pas reconnoître d’autre empereur qu’Honorius. Elle soûmit ensuite toute cette grande province, à l’exception des cantons que les barbares y venoient d’occuper. Constantin fit encore davantage. Il descendit en Italie pour en chasser les Visigots ; mais après s’être avancé jusqu’à Vérone, il revint dans les Gaules, sans avoir fait aucun exploit. Une entreprise d’une si grande importance abandonnée avec tant de légereté, fit soupçonner du mistere dans la conduite de Constantin. On crut qu’il n’étoit allé en Italie que dans l’espérance de se rendre maître de la personne d’Honorius, qui se tenoit pour lors enfermé dans les murs de Ravenne, d’où il pouvoit dès qu’il le trouveroit à propos, se sauver sur le territoire de l’empire d’Orient. Le monde crut d’autant plus volontiers, que les mouvemens de l’armée de Constans avoient été faits dans la vûë de faire réüssir quelque complot tramé par des traîtres, qu’on vit ce prince reprendre le chemin des Gaules dans l’instant qu’il eut entendu dire qu’Honorius venoit de découvrir une conspiration contre sa personne, et que les conjurés avoient été punis de mort. Quoiqu’il en fût, la mésintelligence entre ces deux princes et la confusion devinrent plus grandes que jamais dans l’empire romain. Avant que l’année quatre cens dix fût révoluë, il y eut un nouveau parti formé en Espagne, la Grande-Bretagne se révolta, plusieurs provinces des Gaules se mirent en république, et Rome fut prise par les Visigots. Voyons ce qu’on peut apprendre concernant tous ces événemens, dans ceux des auteurs contemporains, dont les ouvrages nous sont demeurés.

Commençons par la narration de Zosime : » Constans après avoir défait en Espagne ceux qui dans cette Province avoient pris les armes pour Honorius, amena avec lui leurs Chefs Didimius & Verenianus, lorsqu’il revint trouver dans les Gaules