Page:Dubos - Histoire critique de l'établissement de la monarchie françoise dans les Gaules, Tome I, 1742.djvu/285

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qu’elles se furent soustraites à l’autorité des officiers du prince ? L’un et l’autre pouvoir étoit-il exercé par le conseil qui gouvernoit chaque diocèse, et par ceux qui avoient commission de ce conseil, ou bien l’un et l’autre résidoient-ils dans quelque assemblée générale, composée de députés de chaque province ou de chaque cité ? Je n’ai point de peine à croire que du moins de tems en tems il ne se tînt, suivant l’ancien usage, une pareille assemblée ; mais je crois qu’elle ressembloit plûtôt aux dietes des cantons suisses, qui ne peuvent rien résoudre qui oblige tout le corps politique, à moins que le résultat ne soit fait d’un consentement unanime ; qu’elle ne ressembloit aux Etats géneraux des Provinces-unies, qui peuvent à la pluralité des suffrages faire touchant les monnoyes, touchant la conclusion de la paix, ou touchant les entreprises proposées contre une puissance qui a été déja déclarée ennemie d’un consentement géneral, plusieurs décisions ausquelles les provinces qui auroient été d’un avis contraire, sont tenuës de se conformer.

Mon opinion est fondée sur ce qu’on ne voit rien dans les auteurs du cinquiéme siécle et du sixiéme concernant la république des Armoriques, qui porte à croire qu’elle ait eu une assemblée representative qui gouvernât souverainement en décidant à la pluralité des suffrages : et qu’il est d’ailleurs très-probable que ceux des peuples des Gaules qui composoient notre assemblée, se conduisirent après avoir secoué le joug de l’empire romain, comme ils se conduisoient avant que Jules-César leur eût imposé ce joug. Or nous voyons par ce qu’il nous dit lui-même sur l’état où étoient la Gaule celtique et la Gaule belgique lorsqu’il les soumit à Rome, que le parti de Reims et le parti d’Autun qui partageoient les Gaules, avoient plûtôt la forme d’une ligue, ou d’une association de plusieurs petits Etats indépendans l’un de l’autre, et seulement engagés à donner du secours à celui d’entr’eux qui se trouveroit dans certaines conjonctures, qu’ils n’avoient la forme d’un corps politique régulier, dont tous les membres sont soumis au même sénat, et doivent obéir aux ordres de la même assemblée. Les cités qui s’étoient attachées à Autun, n’étoient pas ses sujettes, mais ses clientes. Il en étoit de même de celles qui s’étoient jettées dans le parti de Reims, ou dans celui des Auvergnats.

Comment les cités qui étoient entrées dans la conféderation Armorique, pouvoient-elles s’accorder lorsqu’il s’agissoit de faire