Page:Dubos - Histoire critique de l'établissement de la monarchie françoise dans les Gaules, Tome I, 1742.djvu/322

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Membres, puisque vous jouissez de plusieurs Provinces qui font partie de son Territoire. »

C’est assez anticiper sur l’histoire des tems posterieurs. Revenons à l’année quatre cens dix-neuf. Le motif qui fit agréer si facilement aux Visigots la proposition de remettre ce qu’ils avoient conquis en Espagne à l’empereur, et à revenir dans les Gaules, fut suivant l’apparence, l’envie de retourner dans un païs, dont le climat convenoit beaucoup mieux que celui d’Espagne à un peuple, qui étoit encore composé d’hommes nés sur les bords du Danube.

Vallia, comme on l’a déja vû, ne survêcut pas long-tems à son retour dans les Gaules. Il y mourut en quatre cens dix-neuf, et il eut pour successeur Theodoric Premier, dont nous aurons beaucoup à parler dans la suite de notre histoire. Le changement de souverain dans un royaume qui n’étoit pas encore successif, aura bien pû déconcerter pour un tems les mesures que l’empereur Constance avoit prises avec les Visigots contre les Armoriques. Cet empereur est la même personne, que jusqu’ici nous avons nommée le patrice Constance[1]. Honorius qui lui avoit déja fait épouser Placidie, l’associa encore à l’empire en quatre cens vingt. Suivant l’usage, le nouvel empereur donna part de son élevation à Theodose, qui regnoit en Orient. Theodose qu’Honorius n’avoit point consulté, avant que d’exécuter sa résolution, ne fut point content de ce que son oncle avoit fait, et il refusa d’accorder l’unanimité à Constance, c’est-à-dire, comme nous l’expliquerons dans la suite, qu’il refusa de reconnoître Constance pour son collegue. Après un pareil refus, Constance n’aura point fait passer dans les Gaules les troupes qui se trouvoient en Italie. Il n’aura point voulu allumer la guerre sur la Loire, quand il se devoit croire à la veille de l’avoir sur le Tibre.

La mésintelligence entre les deux empires n’étoit point encore finie quand Constance mourut en quatre cens vingt et un. Quels troubles cette mort ne dut-elle pas exciter dans une cour aussi peu respectueuse envers son prince, que l’étoit celle d’Honorius ! On peut bien attribuer à cette mort la brouillerie survenue entre les géneraux romains qui commandoient en Espagne, et la guerre civile qui la suivit.

  1. Olymp. apud Phot. p. 193.