Page:Dubos - Histoire critique de l'établissement de la monarchie françoise dans les Gaules, Tome I, 1742.djvu/323

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Ceux des Vandales, qui d’abord s’étoient établis en Galice, avoient voulu depuis passer dans la Bétique, pour se saisir d’un païs plus fertile sans comparaison que celui qu’ils abandonnoient. Nous avons vû que les Romains avoient recouvré dès-lors par l’épée des Visigots, et sur d’autres Vandales cette province Bétique. Castinus qui commandoit l’armée romaine, et qui avoit avec lui un corps de troupes auxiliaires composé de Visigots, suivit les Vandales qui s’étoient mis en marche pour faire cette nouvelle conquête. Les barbares que les Romains poursuivoient se sentant pressés, se posterent dans des montagnes où Castinus les bloqua, de maniere que la faim les alloit obliger à se rendre, lorsqu’il prit inconsidéremment le parti de les attaquer. Ses troupes auxiliaires le trahirent dans l’action ; il fut réduit à fuir jusqu’à Terragonne.

Bonifacius, personnage de merite et d’une grande réputation, devoit servir avec Castinus ; mais Castinus fit donner tant de dégoût à cet officier, qu’il ne jugea pas à-propos d’aller en Espagne. Au contraire il prit le parti de se dérober de la cour, pour s’embarquer furtivement à Porto, d’où il passa en Afrique. Là il prit les armes, et sa révolte fut cause de bien des malheurs. Comme la ville de Rome et une partie de l’Italie vivoient du bled qui venoit d’Afrique, il ne pouvoit point arriver de cette province une mauvaise nouvelle, qu’elle ne fît rencherir le pain. Qu’on juge donc, si la défaite de l’armée romaine qui faisoit la guerre en Espagne, et le soulevement de l’Afrique arrivé en quatre cens vingt-deux, facilitoient beaucoup la réduction des Armoriques et la pacification des Gaules.

L’année suivante fut encore plus orageuse. Honorius qui avoit du moins pour Placidie toute l’amitié qu’un frere peut avoir pour une sœur, eut sujet de croire que cette sœur si cherie le trahissoit, et il lui ordonna de quitter la cour, qui faisoit son séjour