Page:Dubos - Histoire critique de l'établissement de la monarchie françoise dans les Gaules, Tome I, 1742.djvu/392

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provinces obéissantes, et qu’elles entreroient dans la confédération maritime. Mais quelle que fût la fidélité des sujets obéissans, leur impuissance ne leur permettoit pas de fournir au prince de grands secours d’hommes ni d’argent contre les provinces confédérées. Entrons dans le détail.

Dès le tems d’Orose qui écrivoit vers la vingtiéme année du cinquiéme siécle, il y avoit déja dans les provinces soumises au gouvernement des officiers du prince, plusieurs citoyens que la misere réduisoit à se bannir eux-mêmes de leur patrie ; il leur paroissoit moins dur de vivre pauvres, mais libres dans les païs où l’empereur n’étoit plus le maître absolu de la destinée des sujets, que de continuer à vivre dans les païs pleinement soumis à son obéissance, et d’y être traités en esclaves par les exacteurs des deniers publics. Les évenemens arrivés dans les Gaules, depuis qu’Orose avoit écrit, n’y avoient pas certainement changé en mieux la condition de ceux des habitans qui étoient demeurés soumis au gouvernement des officiers de l’empereur.

En premier lieu, les Huns ou lesAlains, à qui l’on avoit donné des quartiers dans l’Orleanois, et sur la frontiere des Armoriques, y commettoient chaque jour tant de violences, qu’ils rendoient odieux le gouvernement du prince, dont les officiers y avoient appellé ces barbares. Sidonius Apollinaris dit, en parlant des désordres que ces troupes auxiliaires commirent dans leur marche, quand Litorius les menoit attaquer les Visigots : « Que ces alliés faisoient toutes les violences que peut commettre un soldat sans discipline, lorsqu’il traverse un païs ennemi. » Une seule raison empêchoit les sujets du prince que ces barbares servoient, de croire qu’ils fussent en guerre avec eux, c’est que nos Scythes se disoient les confédérés de l’empire romain.

Nous avons une vie de saint Martin en vers, composée par Benedictus Paulinus Petrocorius, auteur du cinquiéme siécle, et qu’on cite ordinairement sous le nom de Paulin de Perigueux, en le distinguant par-là de saint Paulin, évêque de Nole, qui vivoit dans le même siécle, qui étoit aussi poëte, et à qui l’on