Page:Dubos - Histoire critique de l'établissement de la monarchie françoise dans les Gaules, Tome I, 1742.djvu/403

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dire à Varron si célebre par sa science, et qui vivoit cent ans avant Jesus-Christ : » L’Augure Vettius mon Contemporain & mon ami, étoit du sentiment que les douze Vautours que vit Romulus, lorsqu’il prit les Augures, avant que de jetter les fondemens de Rome, présageoient entr’autres choses le nombre des années ou des révolutions chroniques, durant lesquelles la nouvelle Ville devoit subsister. » Ainsi le nombre de ces vautours signifioit, suivant l’opinion de Vettius, qu’au cas que la nouvelle ville, après avoir duré douze ans, parvînt encore à durer dix fois douze ans qui font six vingt ans, elle passeroit douze fois cent ans, et qu’elle dureroit par conséquent autant de siécles que Romulus avoit vû de vautours. Or comme Rome avoit passé six vingt ans, il y avoit déja long-tems, lorsque Vettius parloit à Varron vers la fin du septiéme siécle de l’ére de Rome, il s’ensuivoit que le sentiment de Vettius avoit été que Rome devoit durer douze cens ans. Suivant le calcul commun, Rome fut fondée sept cens cinquante-trois années avant la naissance de Jesus-Christ. Ainsi le douziéme siécle de Rome devoit expirer l’année quatre cens quarante-sept de l’ére chrétienne. Les prédictions qui concernent la durée des Etats, trouvent toujours des curieux qui les retiennent, et qui cherchent à les faire valoir, quand ce ne seroit que pour acquerir la réputation de personnes qui ont des lumieres supérieures, et un esprit plus perçant que celui des autres. On peut donc croire que le prognostic de Vettius sur la durée de Rome et de son empire, avoit pour ainsi dire, fait fortune ; et comme cet augure sembloit y avoir marqué la durée de douze cens ans, comme la plus longue durée que Rome pût esperer, ceux qui se mêloient de l’art de prédire l’avenir, n’avoient pas manqué d’établir que la Ville éternelle ne passeroit point ce terme-là. Suivant le cours ordinaire des choses, cette espece de prophetie quoique fondée sur un fait notoire, et dont on ne pouvoit pas douter, je veux dire sur le nombre des vautours qu’avoit vû Romulus, n’aura été bien connue que des curieux dans les siécles éloignés du terme marqué pour son accomplissement. Le peuple, ou n’en aura pas eu connoissance, ou il n’y aura fait qu’une legere attention durant les quatre premiers siécles de l’ére chrétienne ; mais la