Page:Dubos - Histoire critique de l'établissement de la monarchie françoise dans les Gaules, Tome I, 1742.djvu/488

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lui, repartirent bien entr’eux le gouvernement de l’empire comme si l’empire eut été partagé, mais ils ne le partagerent point.

Constantin Le Grand qui leur succeda fit entre ses enfans un partage de la monarchie Romaine, permanent et durable. Ce fut après lui qu’on vit l’empire divisé en autant d’Etats qu’il y avoit d’empereurs. Jusques à lui on avoit seulement partagé entre plusieurs personnes l’autorité impériale. Constantin partagea la monarchie en plusieurs portions, dont chacune devoit être régie par un souverain, qui eût son senat, sa capitale, ses officiers particuliers, et qui n’eût point à requerir le consentement de ses collegues, pour faire ce qui lui plairoit dans le district où il regneroit, mais qui n’eût rien aussi à commander dans les districts où regneroient ses collegues. Theodose Le Grand réunit véritablement tous ces partages ; mais ce prince voulant laisser un empire à chacun de ses deux fils, il divisa de nouveau le monde Romain, en suivant le plan de Constantin en tout, hors dans le nombre des parts et portions, s’il est permis d’user ici de ces termes.

Theodose partagea donc la monarchie romaine en deux empires, dont chacun auroit sa capitale, et il mit dans chacun de ces deux Etats un souverain particulier, un senat, un consul, un trône en un mot. Cependant après cette division la monarchie romaine ne laissa point de demeurer unie à plusieurs égards. Les deux partages, celui d’Orient et celui d’Occident, étoient plûtôt deux gouvernemens séparés, que deux royaumes différens, qui dûssent être regardés comme deux monarchies étrangeres l’une à l’égard de l’autre. L’empire d’Orient que Theodose laissa à son fils aîné Arcadius, et celui d’Occident qu’il laissa à son fils cadet Honorius, continuerent, quoique gouvernés chacun par un souverain particulier, et en forme d’Etats séparés, de faire à plusieurs égards, une portion d’un seul et même corps d’Etat, qui étoit la monarchie romaine.

Les citoïens du partage d’Orient furent toujours réputés regnicoles, et capables de toute sorte d’emplois dans le partage d’Occident, et ceux du partage d’Occident furent toujours traités aussi favorablement dans le partage d’Orient. En un mot, aucun des sujets d’un des deux empires, n’étoit tenu