Page:Dubos - Histoire critique de l'établissement de la monarchie françoise dans les Gaules, Tome I, 1742.djvu/511

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presqu’impossible d’ôter à ces hommes souverainement corrompus le credit ou l’autorité dont ils s’étoient emparés sous les regnes précedens. Quoique l’envie et les autres vices les rendissent ennemis les uns des autres, ils ne laissoient pas de se trouver toujours d’accord, dès qu’il s’agissoit d’empêcher qu’on ne sacrifiât les interêts de la cour aux interêts de l’Etat, en diminuant les dépenses, en mettant dans toutes les places importantes des gens de merite, et en éloignant des emplois ceux qui n’avoient d’autre recommandation que leur naissance ou la faveur ; enfin, en déconcertant les cabales, et en ôtant aux méchans les moyens d’empêcher les bons de faire le bien.

Il étoit moins difficile de remettre quelqu’ordre dans les finances et de rétablir la discipline dans les troupes en y faisant revivre l’esprit d’équité et l’esprit de soumission par des récompenses données à propos aux subalternes justes ou du moins obéissans, comme par le châtiment des concussionnaires et des séditieux. Ainsi Majorien vint à bout de corriger les abus les plus crians qui fussent dans l’administration des finances, et de rendre aux troupes Romaines leur ancienne vigueur ; mais il ne put venir à bout de réformer sa cour, et de corriger les vices qui étoient, pour ainsi dire, dans les premiers ressorts du gouvernement. Au contraire il fut, comme nous le verrons, la victime des mauvais citoyens qui conjurerent sa perte, dès qu’ils eurent connu ses bonnes intentions, et qui réussirent dans leurs projets, parce que les méchans employent toutes sortes de moyens pour perdre les hommes vertueux, au lieu que ceux-ci ne veulent mettre en œuvre contre les méchans que des moyens permis par les loix.

Le premier exploit que fit Majorien après avoir été proclamé empereur, fut de battre un corps nombreux des Vandales d’Afrique, qui avoient fait une descente dans la Campanie, et qu’il surprit auprès de l’embouchure du Gariglan.

Après cette victoire, Majorien donna tous ses soins à faire un armement par mer et par terre, tel qu’il pût par son moyen soumettre le parti formé contre lui dans les Gaules, et reconquérir ensuite l’Afrique sur les vandales. Ces deux expéditions, dont la premiere l’acheminoit à la seconde, étoient presqu’également importantes pour lui.

Le parti qui s’étoit formé dans les Gaules, où l’on étoit très--