Page:Dubos - Histoire critique de l'établissement de la monarchie françoise dans les Gaules, Tome I, 1742.djvu/512

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mécontent du traitement que les Romains d’Italie avoient fait au malheureux Avitus, et où l’on ne reconnoissoit point encore pour lors aucun empereur, vouloit placer sur le trône Marcellinus. Ce Marcellinus, ou comme quelques-uns l’écrivent d’après les auteurs grecs, ce Marcellianus étoit un homme de naissance, qui après le meurtre d’Aëtius, dont il avoit été l’ami, s’étoit révolté contre l’empereur, et s’étoit ensuite cantonné en Dalmatie. Il y faisoit si bonne contenance, que personne n’osoit entreprendre de le réduire, et il y regna en souverain, jusqu’à ce que Leon I qui, comme nous l’avons dit, ne fut fait empereur d’Orient qu’en quatre cens cinquante-sept, eut trouvé moyen de l’engager par la voye de la persuasion, à se soumettre à l’autorité impériale, et à se charger même d’une commission qu’il voulut bien exécuter. Elle étoit de chasser les Vandales de la Sardaigne dont ils s’étoient emparés. Nous aurons dans la suite d’autres occasions de parler de ce Marcellianus, et nous nous contenterons ici de remarquer qu’il n’avoit point encore fait sa paix avec l’empire, lorsque Majorien fut proclamé, puisque ce fut seulement après des négociations commencées par Leon déja empereur, et qui n’ont pas dû être terminées en un jour, que cet accommodement fut conclu.

Je ne doute point que les historiens que nous avons perdus ne parlassent au long du parti qui se forma dans les Gaules l’année quatre-cens cinquante-sept, en faveur de Marcellianus, et contre Majorien ; mais tout ce que nous sçavons aujourd’hui concernant cet évenement, est ce que nous en apprend une lettre de Sidonius Apollinaris. Il y est raconté que sous le consulat de Severinus, (les fastes le marquent en quatre cens soixante et un, c’est-à-dire, trois ans après que Majorien eut été reconnu dans les Gaules) cet empereur fit manger Sidonius avec lui dans un festin, où il arriva un incident par rapport à une satire qu’on accusoit à tort Sidonius d’avoir composée. Cet incident engage Sidonius à parler d’un Poeonius qui avoit voulu l’en faire croire auteur, et ce qu’il en dit lui donne lieu de faire mention de la conjuration formée en faveur de Marcellianus.