Page:Dubos - Histoire critique de l'établissement de la monarchie françoise dans les Gaules, Tome I, 1742.djvu/549

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

lement Gregoire de Tours ne dit rien de ces prétendus combats, dont cependant il auroit dû parler s’ils eussent été vrais, mais il dit positivement que Childéric après son rétablissement vêcut en bonne intelligence avec Egidius, et que l’un et l’autre ils gouvernerent de concert. Nous avons dit dans notre discours préliminaire que Frédegaire, de qui nos autres écrivains ont copié les fautes, avoit mal entendu, la premiere fois qu’il avoit lû Grégoire de Tours, le dix-huitiéme chapitre du second livre de son histoire, et que cet abbreviateur avoit crû mal-à-propos que Gregoire de Tours y parlât de Childéric comme d’un prince actuellement en guerre avec les Romains. Nous avons dit aussi que ce qui devoit être arrivé de là, c’est que Frédegaire, lorsqu’il s’étoit mis dans la suite à faire son abregé de Gregoire de Tours, eût, plein qu’il étoit de l’idée qu’il s’étoit faite de Childéric, alteré plusieurs endroits de son original où il est fait mention de Childéric ; et que cet auteur eût contre le sens clair de son original, parlé en toute occasion de Childéric, comme d’un ennemi déclaré des Romains. Ainsi Frédegaire en abregeant à sa maniere le douziéme chapitre de l’histoire de Gregoire de Tours, aura mis dans son abregé tout ce qu’on y lit concernant la guerre prétenduë de Childéric avec Egidius, et qui ne se trouve pas dans le texte de Gregoire de Tours. Frédegaire n’aura pas pû concevoir qu’Egidius eût souffert sans tirer l’épée le rétablissement de Childéric son ennemi. On sera encore plus disposé à croire que j’ai raison, lorsqu’on aura lû ce que je dirai à quelques pages d’ici sur le dix-huitiéme chapitre du second livre de Grégoire de Tours.

Une des additions faites par Frédegaire au récit du rétablissement de ce prince tel qu’il se lit dans Gregoire de Tours, c’est l’histoire d’un prétendu voyage de Childéric à Constantinople, pour y solliciter l’empereur de le rétablir, et celle du retour de Childéric dans les Gaules sur une flotte que lui prêta Maurice qui selon notre auteur, regnoit dans ces tems-là sur le partage d’Orient. Que penser de la capacité de l’abbréviateur et par conséquent des circonstances qu’il a le premier ajoutées à la narration contenuë dans l’histoire ecclesiastique des Francs, quand cet écrivain a ignoré que Maurice ne monta sur le trône de Constantinople, qu’un siécle après la mort de Childéric ? Cette supposition n’est donc propre qu’à montrer, qu’on ne doit aucune croyance aux circonstances que