Page:Dubos - Histoire critique de l'établissement de la monarchie françoise dans les Gaules, Tome I, 1742.djvu/627

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bons et de mauvais citoyens, avoient le malheur de ne pouvoir point par cette raison, être bien d’accord les uns avec les autres, mais cette division empêchoit encore que les Bourguignons, qui devoient les défendre contre Euric, ne prissent confiance en eux. » Gozolas, Juif de Nation, dit Sidonius dans une de ses Epîtres, & pour qui j’aurois une veritable amitié, sans le mépris que j’ai pour sa Secte, vous rendra cette Lettre. Je ne suis rien moins que tranquille, quand je vous l’écris. Les deux Nations Barbares qui nous entourent, sont en armes aux portes de notre Cité, que chacune d’elles regarde comme la barriere qui l’empêche de s’agrandir. Notre Patrie se trouve ainsi comme entre deux rivaux, & paroît destinée à être la proye de l’un des deux. D’un côté, nous sommes à la bienséance des Visigots que notre resistance irrite contre nous. D’un autre côté, les Bourguignons qui nous défendent, n’ont point de confiance en nous. Ainsi les Visigots nous allarment, & les Bourguignons ne nous rassurent gueres. » Sidonius en particulier étoit si fatigué des complaisances qu’il falloit avoir pour l’yvrognerie et pour la malpropreté des Bourguignons, ausquels il aime à reprocher leur taille de six pieds, qu’il mande à une personne de ses amis ; que tant qu’il sera réduit à vivre au milieu de ces barbares, il ne pourra point avoir le courage de composer un seul vers.

On voit par une autre lettre de Sidonius que les Visigots avant que de se mettre en possession de l’Auvergne en vertu de la cession que Nepos leur en fit vers l’année quatre cens soixante et quinze, avoient déja tâché de se rendre maîtres de ce païs-là, les armes à la main vers l’année quatre cens soixante et quatorze. Mais l’Auvergne fut défenduë alors par Ecdicius, fils de l’empereur Avitus, et beaufrere de Sidonius. C’est ce qui paroît en lisant une lettre de Sidonius à notre Ecdicius, écrite depuis cette invasion de l’Auvergne tentée sans fruit par les Visigots, et avant le tems où ils se mirent en possession de cette cité, en consequence de la cession que leur en fit Julius