Page:Dubos - Histoire critique de l'établissement de la monarchie françoise dans les Gaules, Tome I, 1742.djvu/628

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Nepos. Sidonius l’écrit donc à son beaufrere pour l’exhorter à revenir dans leur patrie, et il lui mande que sa présence en Auvergne est plus nécessaire qu’elle ne l’avoit jamais été. Notre auteur le fait souvenir en même-tems de la belle action qu’on lui avoit vû faire, lorsque suivi d’un gros de cavalerie peu nombreux, il avoit passé à travers l’armée des Visigots qui bloquoit Clermont, pour se jetter dans la place. Il rappelle ensuite la mémoire d’un combat qu’Ecdictius avoit gagné bien-tôt après contre les Visigots, et dont la perte les avoit obligés à lever leur blocus. Ensuite il ajoûte que les ennemis perdirent tant de monde dans cette action, que pour cacher leur disgrace, ils avoient coupé la tête à leurs morts, afin qu’on ne pût point connoître si les troncs dont le champ de bataille restoit jonché, étoient les cadavres des Romains ou des barbares. Nous l’avons déja dit, la difference la plus frappante qui fût alors entre les Romains et les barbares, venoit de ce que les premiers portoient les cheveux si courts qu’ils ne couvroient point entierement les oreilles, au lieu que les autres portoient une chevelure si longue qu’elle descendoit jusqu’aux épaules. On verra même dans la suite que nos premiers rois, lorsqu’ils vouloient dans leurs ordonnances désigner en général, et par opposition aux Romains, tous les barbares sujets de la couronne de quelque nation qu’ils fussent, les nommoient les Chevelus. Enfin Sidonius exhorte Ecdicius à revenir au plûtôt dans leur patrie, et à ne point faire un plus long séjour à la cour du roi, où il étoit alors, et qui probablement étoit celle d’un des rois des Bourguignons. Il ne faut, ajoûte-t-il, s’approcher des princes, que comme on s’approche du feu.

Je crois que ce fut dans ce tems-là, que Sidonius écrivit celles de ses lettres qui sont adressées à Principius évêque de Soissons et frere de saint Remy évêque de Reims, qui fait un personnage si important dans l’histoire de Clovis. Il étoit naturel que Sidonius entretînt des liaisons avec tous les Romains de la Gaule qui obéissoit encore à l’empire, et dont l’Auvergne pouvoit esperer quelque secours par voye de diversion ou autrement. La premiere ne contient rien que nous devions