Page:Dubos - Histoire critique de l'établissement de la monarchie françoise dans les Gaules, Tome I, 1742.djvu/649

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cette Capitale, il céda aux Visigors toutes les Gaules, sans se réserver rien au-dela des Alpes qui les séparent de la Ligurie.

En effet Odoacer & Euric ne pouvoient traiter ensemble, sans que le premier article de leur convention fût la confirmation de l’accord qu’Euric avoit fait avec Nepos, dont Odoacer remplissoit réellement la place, et sans qu’Odoacer approuvât et agréât tout ce qu’Euric avoit fait déja, et tout ce qu’il feroit dans la suite en vertu de ce traité.

En second lieu nous sçavons que les Romains des Gaules eurent recours à l’empereur d’Orient, mais qu’ils ne le trouverent pas disposé à s’unir avec eux, pour faire la guerre contre Odoacer, et pour la continuer contre Euric. Nous l’apprenons de Candidus Isaurus, qui avoit écrit l’histoire de l’empire d’Orient depuis l’année quatre cens cinquante-sept jusqu’à l’année quatre cens quatre-vingt-onze, et qui lui-même vivoit dans ce tems-là. C’est une des grandes pertes qu’ayent faite nos annales, que celle de l’histoire dont nous parlons ; car les fragmens que Photius nous en a conservés, sont encore plus propres à nous faire regretter l’ouvrage, qu’ils ne le sont à nous instruire. Voici le contenu d’un de ces fragmens : » Après la déposition de Nepos & celle d’Augustule, Odoacer se rendit maître de l’Italie, & même de la Ville de Rome. Il envoya ensuite une ambassade à l’Empereur Zenon, à qui les Romains des Gaules, qui s’étoient déclarés contre ce Roi des Gort, en avoient aussi envoyé une de leur côté. Mais Zenon se détermina en faveur d’Odoacer » Ce fut donc avec Odoacer que Zenon s’allia, apparemment en l’année quatre cens soixante et dix-sept. On peut bien croire que les francs et les bourguignons étoient entrés dans le projet qui fut proposé à Zenon, et que les romains des Gaules se faisoient fort de ces deux nations.

Il ne faut pas confondre les ambassadeurs d’Odoacer dont nous venons de parler avec la députation du peuple Romain de l’empire d’Occident, que ce même Odoacer avoit envoyée à Constantinople dès qu’il se fut rendu maître de l’Italie, c’est-à-dire, dès l’année quatre cens soixante et seize, et qui comme nous l’avons dit, fut si mal reçûë par Zenon. Mais Odoacer qui