Page:Dubos - Histoire critique de l'établissement de la monarchie françoise dans les Gaules, Tome I, 1742.djvu/650

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ne se sera point rebuté pour ce premier refus, et qui d’ailleurs étoit informé que les conjonctures rendroient Zenon, contre lequel il s’étoit formé en orient un puissant parti, plus traitable, lui aura envoyé une seconde ambassade[1], celle dont il est ici question, et qui fut traversée dans sa négociation par les députés des Gaules. Alors Zenon qui ne faisoit que de rentrer dans Constantinople, dont il avoit été chassé en quatre cens soixante et seize, peu de jours peut-être après avoir rebuté les députés d’Odoacer, ne voulut pas s’engager dans une entreprise aussi vaste que celle qui étoit proposée par la députation des Gaules. L’empereur d’Orient avoit encore eu le tems de s’informer de la véritable situation des affaires d’Occident. Il se sera donc déterminé à traiter avec Odoacer, qui de son côté aura promis alors à Zenon bien des choses qu’il ne lui tint pas, puisqu’à quelques années de-là cet empereur donna commission à Theodoric roi des Ostrogots, comme nous le dirons plus bas, de faire la guerre contre Odoacer, et de le dépoüiller de l’autorité qu’il avoit usurpée en Italie.

Dès que les puissances des Gaules auront vû qu’elles ne devoient plus se promettre que l’empereur d’Orient voulût bien faire aucune diversion en leur faveur, elles auront dû songer à convenir d’une suspension d’armes avec Odoacer, et à faire leur paix avec les Visigots ; il n’y avoit plus d’autre moyen d’empêcher l’entiere dévastation des Gaules. De son côté le roi des Visigots avoit plusieurs motifs d’entendre à un accord, pourvû que les conditions lui en fussent honorables et avantageuses. En premier lieu, les pays dont il étoit actuellement maître, étoient assez étendus pour y donner des quartiers commodes à tous ses Visigots. En second lieu, ces Visigots n’étoient peut-être point en assez grand nombre pour en former des armées capables de faire de nouvelles conquêtes, et pour en laisser en même-tems dans les pays subjugués, un corps suffisant à les tenir dans la sujetion. Cependant les Visigots étoient presque les seuls des sujets d’Euric à qui ce prince, qui méditoit déja de faire fleurir l’arianisme dans ses états et de persécuter les orthodoxes, pût se fier. Presque tous les Romains des Gaules étoient alors catholiques. En troisiéme lieu, les affaires qu’Euric avoit en Espagne, qu’il avoit entrepris de soumettre entierement à sa domination, lui devoient faire souhaiter d’avoir la paix avec les puissances des Gaules. Enfin Genseric roi des Vandales d’Afrique, qui lui fournissoit des subsides, comme nous

  1. Pet. Rat. temp. lib. 6. cap. 27.