Page:Dubos - Histoire critique de l'établissement de la monarchie françoise dans les Gaules, Tome I, 1742.djvu/658

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casion du traité d’Euric avec Julius Nepos. Sidonius reprend la parole. » Oubliez pour un tems la composition de ces discours où vous faites parler le Prince, & que tout le monde, dès qu’il les peut avoir, se plaît à réciter ; ces discours par lesquels notre grand Roi épouvante tantôt les Vandales d’Afrique tantôt les Saxons, & tantôt renouvelle avec cet air de superiorité que donne la victoire, l’alliance avec les Barbares qui boivent en tremblant l’eau du Vahal ; enfin suspendez la composition de ces discours par lesquels il oblige les pays compris dans les nouvelles bornes qu’il vient de donner à ses quartiers, à recevoir ses troupes qu’il contraint en même tems à y vivre suivant les réglemens. » Nous avons parlé trop de fois de Vahal et des Francs pour nous arrêter à faire voir que c’est d’eux qu’il est ici question, et qu’ainsi ces Francs étoient entrés dans le traité de paix ou de tréve que les Bourguignons avoient fait les premiers avec Euric, parce qu’ils étoient les plus voisins de ses quartiers.

Nous avons encore deux autres preuves pour montrer que les Francs furent en paix avec les Visigots, du moins les dernieres années du regne d’Euric, mort vers l’année quatre cens quatre-vingt-quatre. Lorsque Clovis le fils et le successeur de Childéric eut défait en quatre cens quatre-vingt-seize les Allemands à la journée de Tolbiac, Théodoric alors roi des Ostrogots, et maître d’une grande partie de l’empire d’Occident, écrivit à Clovis pour le féliciter sur sa victoire, et pour interceder en faveur des Allemands échappés à la fureur des armes. Dans cette lettre que nous rapporterons quand il en sera tems, Théodoric complimente Clovis sur ce qu’il avoit engagé les Francs à sortir de l’inaction dans laquelle ils avoient vécu sous le regne précédent, et à faire parler d’eux de nouveau. En second lieu, vers l’année cinq cens quatre, Clovis eut quelques démêlés avec Alaric II le fils et le successeur d’Euric. Le même Theodoric qui vivoit encore, s’entremit pour accommoder ces deux princes. Le roi des Francs étoit son beau-frere, et celui des Visigots étoit son gendre. Nous avons encore la lettre que Theodoric écrivit à Clovis dans cette conjoncture, et nous la rapporterons en entier ; mais voici dès à present ce qui concerne notre sujet. Theodoric y