Page:Dubos - Histoire critique de l'établissement de la monarchie françoise dans les Gaules, Tome I, 1742.djvu/659

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dit donc à Clovis : » Je vous envoye des Ambassadeurs qui feront la fonction de Médiateurs & qui tâcheront d’empêcher que les Francs & les Visigots qui ont fleuri à la faveur d’une longue paix, sous le regne de Childéric votre pere, & sous le regne d’Euric pere d’Alaric, ne s’entredétruisent, en se faisant la guerre. »

Nous voyons bien, dira-t-on, qu’après la pacification qui se fit dans les Gaules vers l’année quatre cens soixante et dix-sept, les Visigots resterent les maîtres des pays qui sont entre le Rhône, la Méditerranée, les Pyrenées, l’océan et la Loire, et qu’ils tenoient même au-delà du Rhône une portion du pays, qui s’appelle aujourd’hui la basse Provence. Nous voyons bien que les Bourguignons tenoient les diocèses qui sont au nord de la Durance, et qui sont situés entre la Durance, le Rhône et les Alpes ; qu’il est même probable que dès ce tems-là leurs quartiers s’étendoient jusques à Langres et jusques à Nevers. On les trouve en possession dans la suite de l’histoire de ces deux villes, sans qu’elle dise en quel tems ils s’en étoient emparés. On conçoit bien que differentes tribus des Francs avoient occupé les pays qui sont entre le Bas-Rhin et la basse-Meuse, et les pays qui sont entre le Bas-Rhin et la Somme. Nous voyons bien que les Armoriques ou les provinces confederées se seront maintenuës en possession du territoire qu’elles avoient, et qui se trouvoit borné au septentrion par la Seine, au couchant par la mer océane, au midi par la Loire et le Loir, et au levant par des limites, dont la situation des lieux et le cours des rivieres avoient apparemment décidé. Mais qui commandoit dans les provinces obéissantes, c’est-à-dire, dans les pays qui sont entre la Somme et la Seine, ainsi que dans la premiere Germanique, dans la premiere Belgique, dans une partie de la province Sénonoise, dans le Berri, et dans les autres cités où les barbares n’avoient point de quartiers, et qui toujours avoient reconnu jusques-là, l’autorité des officiers de l’empereur ? On voit par l’ambassade que ces provinces envoyerent à Zenon, qu’elles ne vouloient pas reconnoître Odoacer pour leur souverain, et cependant il n’y avoit plus sur le trône d’Occident d’autre souverain qu’Odoacer. C’étoit lui que le sénat et le peuple de la ville de Rome reconnoissoient pour leur maître.

Le siege de la préfecture des Gaules établi dans Arles, ajou-