Page:Dubos - Histoire critique de l'établissement de la monarchie françoise dans les Gaules, Tome I, 1742.djvu/660

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tera-t-on, avoit encore été renversé par la prise d’Arles. Dès que cette place eut passé sous la domination d’Euric en quatre cens soixante et dix, les Romains des provinces obéissantes des Gaules, n’auront plus voulu obéir aux ordres de ce préfet, qui ne pouvoit pas leur en envoyer d’autres que ceux qui lui auroient été dictés par un roi barbare. D’un autre côté, nous ne voyons pas que le siege de la préfecture des Gaules ait été transferé après la prise d’Arles dans une autre ville. Il paroît donc que la préfecture des Gaules demeura pour lors comme supprimée. Elle ne fut rétablie que par Theodoric roi des Ostrogots, qui la fit revivre dans le siecle suivant ; qui suppléoit alors aux fonctions du préfet du prétoire des Gaules ?

Les monumens litteraires du cinquiéme siecle ne disent rien sur tous ces points-là. Ainsi je ne sçaurois les éclaircir que par des conjectures fondées sur les évenemens arrivés dans les tems posterieurs au regne d’Euric. Il paroît donc qu’après la déposition d’Augustule, il y eut dans les provinces obéissantes des Gaules une espece d’anarchie qui dura jusqu’au tems où ces provinces se soumirent à tous égards au gouvernement de Clovis. Elles auront été jusqu’à ce tems-là, sans avoir aucun officier civil, qui tînt lieu de préfet du prétoire, et dont l’autorité fût reconnuë dans toute leur étenduë. Les comtes et les présidens de provinces qui avoient des commissions d’Augustule ou de ses prédécesseurs auront continué d’exercer leurs fonctions au nom de l’empire, chacun dans son district particulier. Quelques-uns auront gouverné au nom de Zenon. Lorsqu’un de ces officiers venoit à manquer, si c’étoit un comte, l’évêque et le sénat de la cité lui nommoient un successeur. S’il étoit président ou proconsul d’une des dix-sept provinces, son emploi demeuroit vacant, et les fonctions en étoient dévoluës à ses subalternes, ou bien les cités de la province convenoient entr’elles sur le choix d’un successeur, qui envoyoit demander des provisions de sa dignité à Constantinople. Les officiers militaires auront été ou remplacés ou suppléés en la même maniere. En quelques contrées, l’officier civil se sera arrogé les fonctions de l’officier militaire au mépris de la regle d’état établie par Constantin, et toujours observée depuis. Dans plusieurs autres, l’officier militaire se sera arrogé les fonctions de l’officier civil. C’est par exemple ce qu’il paroît que Syagrius le fils d’Egidius avoit fait dans les cités que nous verrons Clovis conquérir sur lui, et dont Gregoire De Tours l’appelle roi. Qui