Page:Dubos - Histoire critique de l'établissement de la monarchie françoise dans les Gaules, Tome I, 1742.djvu/670

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sance fut découvert par hazard en mil six cens cinquante-trois[1], et quand Tournay étoit sous la domination du roi d’Espagne Philippe IV. On y trouva outre l’anneau de Childéric, où la tête de ce prince est representée, et où il y a pour légende Childerici Regis, un grand nombre de médailles d’or, qui toutes sont frappées au coin des empereurs Romains, et des abeilles de grandeur naturelle, faites aussi d’or massif. Childéric, suivant l’apparence portoit ces petites figures cousuës sur son vêtement de cérémonie, parce que la tribu des Francs sur laquelle il regnoit, avoit pris les abeilles pour son symbole, et qu’elle en parsemoit ses enseignes. Les nations Germaniques, et les Francs en étoient une, prenoient chacune pour son symbole, et parlant selon l’usage present, pour ses armes[2], quelqu’animal dont elle portoit la figure sur ses enseignes. D’abord elles n’auront mis dans ces drapeaux que les bêtes les plus courageuses, mais le nombre des nations et le nombre des tribus venant à se multiplier, il aura fallu que les nouvelles nations et les nouvelles tribus prissent pour leurs armes afin d’avoir un symbole particulier et qui les distinguât des autres, des animaux de tout genre et de toute espece. Je crois même que nos abeilles sont par la faute des peintres et des sculpteurs, devenuës nos fleurs de lys, lorsque dans le douziéme siecle la France et les autres Etats de la chrétienté commencerent à prendre des armes blazonnées. Quelques monumens de la premiere race qui subsistoient encore dans le douziéme ou treiziéme siecle, et sur lesquels il y avoit des abeilles mal dessinées auront même donné lieu à la fable populaire : que les fleurs de lys que nos rois portent dans l’écu de leurs armes, fussent originairement des crapauds. Elle n’a pas laissé néanmoins d’avoir cours long-tems dans quelques provinces des Pays-Bas où l’on vouloit rendre les François méprisables par toutes sortes d’endroits. On trouva encore dans le tombeau de Childéric un globe de crystal, que quelques auteurs modernes ont cru n’y avoir été mis que parce que durant la derniere maladie de ce prince, il lui avoit servi à se rafraîchir la bouche. Mais il me paroît plus raisonnable de croire, que ce globe n’aura été déposé dans le tombeau où il a été trouvé, que parce que le roi des Francs le tenoit à la main les jours de cérémonie, comme une des marques de sa dignité. Il est vrai que cette boule est deux ou trois fois plus petite que celles dont les sou-

  1. Valef. in add. ad To. prim. Rerum F.
  2. Vide Cluv. lib. pr. cap. quadragesimo nono Germ. antiq.