Page:Dubos - Histoire critique de l'établissement de la monarchie françoise dans les Gaules, Tome I, 1742.djvu/671

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verains peuvent encore se servir pour un pareil usage, et que les peintres et les sculpteurs mettent aujourd’hui dans la main des empereurs et des rois. Mais il faut qu’insensiblement on ait augmenté le volume des globes dont nous parlons. Ce qui est certain, c’est que les globes qui sont employés dans les médailles antiques des empereurs Romains comme le symbole de l’Etat, ne sont pas plus grands, à en juger par rapport aux figures d’hommes qui sont sur ces mêmes médailles, que l’est le globe trouvé dans le tombeau de Childéric. J’ajoûterai même que nous avons encore plusieurs statuës de nos rois de la premiere race faites sous le regne de la troisiéme, qui representent ces princes tenans à la main un globe plus petit sans comparaison que les globes symboliques, ausquels les peintres et les sculpteurs des derniers siecles, ont accoutumé nos yeux. Il y a encore quelques autres pieces parmi les joyaux antiques trouvés dans le tombeau de Childéric, mais nous nous abstiendrons d’en parler, parce que nous n’en sçaurions tirer rien qui soit utile à l’éclaircissement de l’histoire. Ceux qui veulent en être plus amplement instruits[1], peuvent lire l’ouvrage que Monsieur Chiflet publia peu de tems après l’invention de ce tombeau, et dans lequel il donne la description et l’explication de toutes les curiosités qu’on y trouva. Je me contenterai donc de dire ici, que dès lors on ramassa toutes ces reliques prophanes avec grand soin et qu’elles furent mises dans le cabinet de l’archiduc Leopold D’Autriche, gouverneur des Pays-Bas pour le roi d’Espagne. Quelque tems après elles furent portées à Vienne, où l’on leur donna place dans le cabinet de l’empereur. Dans la suite, Leopold I voulut bien les donner à Maximilien Henri De Baviere, électeur de Cologne, dont le dessein avoit été quand il les avoit demandées, d’en faire présent au roi Louis Le Grand, comme de joyaux qui naturellement appartenoient à la couronne de France. Dès que l’électeur de Cologne eut les curiosités dont il s’agit en sa possession, il exécuta son dessein, et il les envoya au successeur de Childéric. Ils sont gardés aujourd’hui dans la bibliotheque du roi.

On verra par ce que nous dirons bientôt des acquisitions de Clovis, et du petit nombre des Francs ses sujets, que Childéric ne laissa point à son fils un grand Etat. Il est vrai que plusieurs historiens donnent à Childéric un royaume qui s’étendoit depuis le Vahal jusqu’à la Loire, et qui devoit renfermer un tiers des Gaules. Mais nous avons suffisamment dé-

  1. Analasis Childerica Regis.