Page:Dubos - Histoire critique de l'établissement de la monarchie françoise dans les Gaules, Tome I, 1742.djvu/683

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miere jeunesse, et par consequent peu de tems après la mort de son pere, lui succeda dans un emploi que ce pere avoit eu au service d’un autre prince, et qui donnoit l’administration des affaires de la guerre. Une des lettres de saint Remy à Clovis servira de preuve à ce que nous venons d’avancer. Nous observerons avant que de la rapporter, que saint Remy quand il l’écrivit, étoit déja évêque de Reims depuis vingt ans. Lorsqu’il mourut au mois de janvier de l’année de Jesus-Christ cinq cens trente-trois, il avoit déja siégé suivant Gregoire De Tours, plus de soixante et dix ans, et suivant Flodoard, il en avoit siégé soixante et quatorze. Ainsi saint Remy devoit avoir été élû évêque de Reims vers l’année quatre cens cinquante-neuf. Ses grandes qualités acquises et naturelles, et plus de vingt années d’épiscopat dans une ville métropolitaine et, qui dès le tems de Jules César étoit regardée avec respect par la plûpart des Belges, devoient donc avoir donné déja au saint une grande considération dans les Gaules, et cela d’autant plus que les tems difficiles survenus depuis son exaltation, n’avoient fourni aux grands hommes, que trop d’occasions de manifester leurs talens. Ainsi la réputation de notre saint que la providence avoit destiné pour être l’apôtre des Francs, et pour avoir plus de part qu’aucun des capitaines qui servoient Clovis, à l’établissement de notre monarchie, fleurissoit déja dans toutes les Gaules, lorsque ce prince parvint à la couronne. Sidonius Apollinaris qui mourut un an ou deux après cet avenement, ayant trouvé moyen d’avoir une copie de quelques discours prononcés par saint Remy, il écrivit à saint Remy pour le supplier de lui envoyer ses ouvrages à l’avenir, et nous avons encore cette lettre. » Vous êtes, lui dit-il dans cette Epître, l’homme le plus éloquent qui vive aujourd’hui. Si je compose mal, vous sçavez que je juge bien. » Voici enfin la Lettre de saint Remy au jeune Roy des Francs.

Remy évêque, à l’illustre seigneur le roi Clovis, cé-