Page:Dubos - Histoire critique de l'établissement de la monarchie françoise dans les Gaules, Tome I, 1742.djvu/684

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lebre par ses vertus. Nous apprenons de la renommée que vous vous êtes chargé de l’administration des affaires de la guerre, & je ne suis pas surpris de vous voir être ce que vos peres ont été. Il s’agit maintenant de répondre aux vûës de la Providence, qui récompense votre modération, en vous élevant à une dignité si éminente. C’est la fin qui couronne l’œuvre. Prenez donc pour vos Conseillers des personnes dont le choix fasse honneur à votre discernement. Ne faites point d’exactions dans votre Benefice militaire. Ne disputez point la préséance aux Evêques dont les Diocèses se trouvent dans votre département, & prenez leurs conseils dans les occasions. Tant que vous vivrez en bonne intelligence avec eux, vous trouverez toute sorte de facilité dans l’exercice de votre emploi. Faites du bien à ceux qui sont de la même Nation que vous, mais soulagez tous les malheureux, & surtout donnez du pain aux Orphelins avant même qu’ils soient en âge de vous rendre quelque service. C’est le moyen de vous faire aimer par ceux mêmes qui vous craindront. Que l’équité préside à tous les jugemens que vous rendrez, & que l’injustice n’ose plus se promettre la dépoüille du foible & de l’étranger. Que votre Prétoire soit ouvert à tous ceux qui viendront demander justice à ce Tribunal, & que personne n’en sorte avec le chagrin de n’avoir point été entendu. Vous voilà possesseur de toute la fortune de votre pere. Servez-vous-en pour acheter des captifs, mais que ce soit afin de leur rendre la liberté. Que ceux qui auront affaire à vous, n’ayent point sujet de s’appercevoir qu’ils sont d’une autre Nation que la vôtre. Admettez de jeunes gens à vos divertissemens, mais ne parlez d’affaires qu’avec vos Senieurs ou vos Vieillards. Enfin si vous voulez être toujours bien obéï, faites voir les inclinations d’un jeune homme digne de commander. »

Nous remarquerons en premier lieu, qu’il s’agit ici d’un emploi que les Peres de Clovis avoient tenu véritablement, mais où ce prince étoit parvenu à cause de sa modération ; c’est