Page:Dubos - Histoire critique de l'établissement de la monarchie françoise dans les Gaules, Tome I, 1742.djvu/708

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re de Tours, et suivant son récit il y eut un peu plus de trois mille hommes faits, ou en âge d’aller à la guerre, qui furent baptisés avec Clovis.

Il est vrai que l’abbréviateur semble dire le contraire : « Clovis, écrit-il, fut baptisé à pâques, et il y eut six mille francs de baptisés avec lui. » Mais la narration de l’abbréviateur peut très-bien être conciliée avec celle de Grégoire de Tours ; comme celle de l’auteur des gestes par ce que nous apprend Hincmar concernant la question dont il s’agit ici, qui est le nombre des personnes baptisées avec Clovis. Car c’est ailleurs que nous examinerons, s’il est vrai que Clovis ait été baptisé l’un des jours de la semaine sainte.

Or nous avons déja vû que Hincmar avoit dit devant l’assemblée de Metz, que saint Remy avoit baptisé Clovis, et qu’il avoit encore baptisé en même tems trois mille Francs en âge de porter les armes, et un grand nombre de femmes et d’enfans. Ainsi Gregoire de Tours qui n’aura compté que les chefs de famille baptisés avec Clovis, aura eu raison de dire qu’il y avoit eu seulement trois mille personnes de baptisées avec ce prince. D’un autre côté, l’abbreviateur qui aura compté non-seulement les hommes faits, mais aussi les femmes et les enfans baptisés en même tems que Clovis, n’aura point eu tort de dire qu’il y avoit eu six mille personnes de baptisées avec le roi des Saliens.

Hincmar dit encore dans sa vie de saint Remy, concernant le nombre de ceux qui furent baptisés avec Clovis, la même chose qu’il avoit dite devant l’assemblée de Metz. Cette vie est, à mon sentiment, un des plus précieux monumens des antiquités françoises, parce que son auteur, évêque de Reims et personnage d’une grande considération, en a tiré une partie d’une ancienne vie de l’apôtre des Francs écrite peu d’années après sa mort, parce que l’ouvrage d’Hincmar a été composé sous le regne des enfans de Charlemagne, et par conséquent dans des tems où l’on sçavoit encore bien des choses et où l’on avoit bien des actes dont les siecles suivans n’ont point eu de connoissance. Voyons ce que Hincmar nous dit lui-même à ce sujet : « Je ne doute pas que les habitans du diocèse de