Page:Dubos - Histoire critique de l'établissement de la monarchie françoise dans les Gaules, Tome II, 1742.djvu/107

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cile à moyenner entre les puissances ecclésiastiques, qu’entre les puissances temporelles.

Ce sont les relations que Gondebaud eut avec Clovis immédiatement après le baptême du dernier, qui nous ont engagé à parler de celles que les Bourguignons entretenoient avec la cour de Constantinople, et nous l’avons fait d’autant plus volontiers, qu’il est impossible de bien éclaircir l’histoire de France, sans dire plusieurs choses qui ne sont pas de l’histoire de France. Il est très-probable d’ailleurs, à en juger par les évenemens, que les Francs avoient de pareilles liaisons avec cette même cour. C’est ce que nous sçaurions avec détail si nous avions autant de lettres de saint Remy ou d’Aurelien, que nous en avons d’Alcimus Avitus.

Je reviens aux rélations que Gondebaud eut avec Clovis, dès que ce dernier fut converti. Si le roi des Bourguignons affecta de témoigner pour lors, comme nous l’avons vû, toute sorte de déference pour Clovis, s’il lui fit mander qu’il étoit son Soldat , ce n’est point qu’il eût sincérement aucune amitié pour le roi des Francs, son neveu, puisqu’il devoit le regarder comme son rival de grandeur, et comme un rival très-dangereux. C’est que Gondebaud craignoit Clovis.

En premier lieu, Clovis, comme nous l’avons déja dit, et comme nous aurons encore plusieurs occasions de le faire voir, étoit devenu depuis son baptême, le héros des Romains des Gaules. En second lieu, Gondebaud avoit alors la guerre avec Théodoric roi d’Italie, et il pouvoit craindre que les Francs, s’il les mécontentoit ne s’alliassent contre lui avec les Ostrogots, et que les Visigots mêmes n’entrassent aussi dans la ligue qui se formeroit alors. Les Visigots devoient chercher à rentrer dans la province Marseilloise, dont après la mort d’Euric leur roi, ils avoient été dépouillés par les Bourguignons.

Il est vrai que plusieurs de nos historiens modernes prétendent qu’il n’y ait point eu de guerre entre les Ostrogots et les Bourguignons, jusques à celle qu’ils se firent en l’année cinq cens, et dans laquelle Théodoric fut allié avec Clovis contre Gondebaud. Mais je vais prouver le contraire, et faire voir qu’avant l’année cinq cens, les Bourguignons avoient été déja en guerre avec les Ostrogots. Ce qui rend très-probable que ces deux nations fussent actuellement ennemies en l’année quatre cens quatre-vingt-dix-sept.

On peut voir dans les Vies des saints[1] par Monsieur Baillet,

  1. Not. Sirm. in Enn. Baillet, Vie des Saints.