Page:Dubos - Histoire critique de l'établissement de la monarchie françoise dans les Gaules, Tome II, 1742.djvu/108

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comme dans les commentaires publiés sur les ouvrages d’Ennodius évêque de Pavie, dans le sixiéme siecle, et qui a écrit la vie de saint Epiphane un de ses prédecesseurs, que saint Epiphane fait évêque de Pavie en quatre cens soixante et six, mourut après trente ans d’épiscopat, c’est-à-dire, en quatre cens quatre-vingt-dix-sept. Cependant Ennodius rapporte que ce saint avant que de mourir fit dans les Gaules, la rédemption génerale des captifs sujets de Théodoric, et que les Bourguignons avoient faits esclaves dans le cours d’une guerre qui duroit encore quand ce rachat fut fait. Donc il y avoit eu une guerre entre Théodoric et Gondebaud avant celle qui commença l’année cinq cens. En second lieu, une des circonstances de cette rédemption qu’Ennodius rapporte, c’est, comme on va le lire, que Godégisile frere de Gondebaud et l’un des rois des Bourguignons vivoit encore quand elle se fit, et que même ces deux princes étoient alors en bonne intelligence. Or dans la guerre commencée en cinq cens, entre les Francs et les Ostrogots d’une part, et les Bourguignons de l’autre, et qui se termina en une campagne, Godégisile fut jusques à sa mort, l’allié des ennemis de son frere. Voyons à present ce que dit Ennodius concernant la rédemption dont il s’agit.

» Saint Epiphane ayant été envoyé dans les Gaules par Théodoric pour y traițer du rachat des Prisonniers de guerre que les Bourguignons avoient faits en Italie, il demanda une audience au Roi Gondebaud, & il lui dit : Voici grand Prince, une conjoncture bien singuliere. Un ennemi ne peut être victorieux que son ennemi ne soit vaincu, cependant vous pouvez aujourd’hui, vous & Théodoric, être vainqueurs également. Il veut racheter les Captifs que vous avez faits. Mettez-les en liberté sans rançon, Gondebaud & Théodoric triompheront ainsi sur le même Char. Le Roi des Bourguignons répondit d’abord à Saint Epiphane. Vous parlez bien comme un Pacificateur qui voudroit que les droitsacquis par les armes fussent comptés pour rien, & qu’on regardât comme des loix injustes, les loix de la guerre qui condamnent celui qui s’est rendu à être l’esclave du vainqueur qui lui a laissé la vie. » Cependant le respect de Gondebaud pour