Page:Dubos - Histoire critique de l'établissement de la monarchie françoise dans les Gaules, Tome II, 1742.djvu/113

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ils fournissoient des troupes auxiliaires. Les Francs qui confinoient avec les Armoriques, voulaient se prévaloir des troubles qui surviennent ordinairement dans un Etat où l’on a introduit une nouvelle forme de gouvernement, afin de les soumettre à leur domination. D’abord les Francs se contenterent de vexer les Armoriques par des courses, afin de les amener au but ; mais voyant bien que ces incursions ne suffiroient point pour cela, ils leur firent la guerre dans toutes les formes. Tant qu’elle dura, les Armoriques montrerent beaucoup de courage & d’attachement aux interêts de l’Empire : Enfin les Francs s’étant convaincus qu’ils ne pouvoient point exécuter leur projet par la voie des armes, ils eurent recours à celle de la négociation ; & ils leur proposerent d’unir leurs deux Nations par une alliance qui les rendît en quelque sorte un seul & même Peuple. La proposition fut acceptée, parce que les Francs qui la faisoient étoient Chrétiens, & que les Armoriques à qui on la faisoit étoient aussi Chrétiens, & la puissance où cette Nation jumelle se trouve parvenuë aujourd’hui, est le fruit de l’union dont je parle. Les troupes Romaines qui étoient postées sur la frontiere du pays que l’Empire tenoit encore dans les Gaules, se voyant ainsi coupées & ne pouvant pas d’un autre côté se résoudre à se jetter entre les bras des Ariens à qui elles faisoient tête, elles prirent le parti de capituler avec les Francs & les Armoriques, au service de qui elles passerent, & à qui elles remirent le Pays confié à leur garde. Les Soldats de ces troupes conserverent la maniere de faire le service en usage dans la Milice Romaine, & même ceux qui les ont remplacés, observent encore aujourd’hui cette discipline. Lorsqu’ils sont commandés, c’est toujours selon l’ordre reglé dans l’ancienne Matricule[1], & ils ne marchent que dans les cas où ceux à la place desquels ils sont enrollés, auroient été en tour de marcher. Quand ces

  1. Vid. Procop. Hoeschelii, pag. 184.