Page:Dubos - Histoire critique de l'établissement de la monarchie françoise dans les Gaules, Tome II, 1742.djvu/115

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l’année quatre cens quatre-vingt-dix-sept, et quand Clovis avoit déja regné seize ans.

Procope ne dit point, il est vrai, en quelle année les Armoriques et les troupes Romaines qui gardoient les frontieres des Gaules contre les ariens, c’est-à-dire, contre les Visigots et contre les Bourguignons, se soumirent au roi des Francs. Il se contente de nous apprendre que les Francs étoient déja chrétiens lorsque cet évenement arriva. Heureusement il nous est resté une chartre de Clovis qui nous instruit de deux choses. La premiere, est que Clovis comptoit en même-tems la seiziéme année de son regne, et la premiere année d’après son baptême. La seconde, c’est que Clovis comptoit aussi en même-tems et la premiere année d’après son baptême et la premiere année d’après la soumission des Gaulois  : ainsi cette chartre précieuse nous enseigne que la soumission des Gaules à ce prince, est un évenement qui appartient à l’année quatre cens quatre-vingt-dix-sept. Entrons en preuve et commençons par rapporter les endroits de cette chartre qui font foi sans avoir besoin d’aucun commentaire, que la premiere année du christianisme de Clovis, se rencontroit avec la seiziéme année de son regne.

J’ai déja parlé de l’autenticité de la vie de S. Jean De Reomay, écrite par Jonas, et que le Pere Rouyer jesuite nous a donnée dans son histoire de l’abbaye du Moutier-Saint-Jean. Or nous lisons dans cette vie : » On ne sçauroit douter de l’extrême considération que les Rois des Francs contemporains de saint Jean de Reomay avoient pour lui, quand on jette seulement les yeux sur leurs Chartres qui se gardent dans le Trésor de son Abbaye, & par lesquelles ces Princes accordent tant de bienfaits au Serviteur de Dieu. » Cela dispose à croire sans peine que parmi ces chartres il y en avoit une octroyée par Clovis, qui, comme on l’a vû, fut un des rois Francs contemporains du saint personnage Jean. Aussi le Pere Rouyer en raporte-t-il une qu’il dit être tirée du cartulaire de l’abbaye du Moustier-Saint-Jean, et qui est intitulée Ordonnance de Clovis. On peut voir cette chartre dans son livre imprimé en mil six cens