Page:Dubos - Histoire critique de l'établissement de la monarchie françoise dans les Gaules, Tome II, 1742.djvu/142

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ceux qui sçavent l’histoire. D’ailleurs on voit dans tout ce qui se passa à Rome lorsqu’il y fit son entrée l’année cinq cens, un roi qui fait un usage de ses finances, en prince qui jouit de la paix. Je crois donc que son traité avec l’empereur Anastase fut conclu ou cette année-là, ou qu’il l’avoit été l’année précedente.

Il peut bien aussi se faire encore que ce soit en vertu de quelque condition inserée dans le traité d’Anastase et de Theodoric que le roi des Ostrogots s’abstint de se faire appeller empereur, quoiqu’il fût le maître dans Rome et qu’il y exerçât, ou peu s’en falloit, l’autorité impériale dans toute son étendue. C’est l’idée que les auteurs du tems et Procope nous donnent du gouvernement du roi des ostrogots. » Theodoric, dit le dernier, après avoir mis dans son parti tous les Barbares venus en Italie sous les enseignes d’Odoacer, soumit entierement ce Pays sur lequel il regna paisiblement gouvernant les Romains & les Ostrogots en Prince à qui aucune des qualités qui font un bon Empereur, ne manquoit. Il ne prit pas neanmoins le titre d’Empereur, & il ne porta jamais les marques de cette Dignité, mais il se contenta toujours du nom de Roi, qui est celui que les Peuples Barbares ont coutume de donner à leur Chef suprême. »

On voit par une lettre de Sigismond fils du roi Gondebaud et écrite à l’empereur Anastase, que cet empereur n’avoit cedé à Theodoric que la portion du partage d’Occident, dont Theodoric étoit déja souverain de fait, quand cette cession fut convenue. Nous avons dit en quoi consistoit cette portion. Les autres provinces du partage d’Occident, et sur tout les Gaules, n’avoient point été comprises dans ce délaissement . En effet Sigismond qui n’écrivit la lettre dont il est question, que long-tems après l’année cinq cens, n’y traite Theodoric que de recteur , ou de gouverneur de l’Italie. Sigismond auroit qualifié autrement Theodoric, du moins en écrivant à l’empereur, si ce prince eût attribué à Theodoric quelque superiorité sur les Gau-