Page:Dubos - Histoire critique de l'établissement de la monarchie françoise dans les Gaules, Tome II, 1742.djvu/145

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giens de la Germanie qui s’emparerent de l’ancienne France, et s’étendirent jusques au Moein dans le même tems que Theodoric s’établissoit en Italie. Il écrit ensuite que dès-lors, c’est-à-dire, vers l’année quatre cens quatre-vingt-dix-huit, les Visigots craignoient déja le pouvoir des Francs qui étoient la nation la plus guerriere, comme la plus inquiéte, et qu’elle leur étoit d’autant plus suspecte qu’elle venoit d’augmenter considérablement ses forces. En effet elle venoit de s’unir avec les Armoriques et d’attacher à son service, comme nous l’avons vû, ce qui restoit de troupes Romaines dans les Gaules. Procope ajoute que les Turingiens et les Visigots à qui la puissance des Francs étoit également suspecte, firent proposer à Theodoric de se liguer avec eux contre cette nation entreprenante, mais que Theodoric se fit alors une loi de ne point signer aucune ligue particuliere avec aucune nation. Il se contenta, suivant Procope, de noüer avec elles des liaisons generales de bonne correspondance, et à tout évenement, de fortifier ces liaisons par des mariages. Voilà ce qui lui fit donner dans ce tems-là sa fille Theodegote au roi Alaric second, et ce qui lui fit donner encore Amalberge fille de sa sœur Amalafride, à Hermanfroy roi des Turingiens. Ces alliances obligerent donc Clovis à laisser en paix les Visigots et les Turingiens, et le réduisirent à chercher l’occasion d’employer ses forces contre quelqu’autre nation. Voilà ce qui fut cause enfin que le roi des Francs tira l’épée contre les Bourguignons.

Le traité de ligue qui fut fait avant la guerre entre Clovis et Theodoric contre Gondebaud, portoit : » Que les Alliés entreroient dans le même tems en campagne pour attaquer chacun de son côté les Bourguignons : Que si l’un des Alliés manquoit à se mettre en campagne au jour convenu, de maniere que faute de la diversion qu’il auroit dû operer, l’autre Allié eût affaire à toutes les forces des Bourguignons, alors celui des deux Alliés qui n’auroit pas rempli son engagement, seroit tenu de compter à l’autre qui auroit combattu seul contre l’ennemi commun, une certaine somme. Que l’Allié qui devroit ce dédommagement en deniers, ne pourroit pas jouir du Benefice du Traité avant que d’avoir satis-