Page:Dubos - Histoire critique de l'établissement de la monarchie françoise dans les Gaules, Tome II, 1742.djvu/170

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debaud vouloit avoir pour les hommes au préjudice de ce qu’il devoit à Dieu, de foiblesse, et de foiblesse dont un roi devroit être incapable. « C’est à vous, lui disoit-il, à faire la loi à vos Bourguignons et non pas à la recevoir d’eux. » Ces raisons terrassoient bien Gondebaud, mais elles ne le gagnoient pas, et il mourut enfin sans avoir pû se résoudre à faire une abjuration de l’arianisme telle qu’on l’exigeoit de lui, avant que de le réconcilier à l’Eglise.

Si les Romains sujets du roi des Bourguignons n’étoient rentrés dans ses interêts que par l’esperance de le voir bien-tôt catholique ; comment, dira-t’on, ne s’en séparerent-ils point de nouveau quand ils se virent frustrés de leur attente ? Comment ne rappellerent-ils point les Francs ? Je réponds que jusqu’à la mort de Gondebaud, nos Romains n’auront point désesperé de sa conversion. L’évêque de Vienne qui se faisoit un merite d’être l’apôtre des Bourguignons, comme l’évêque de Reims étoit celui des Francs, se sera toujours flatté qu’avec l’aide du ciel il ameneroit enfin son prosélite à faire une profession publique de la veritable religion, et il aura fait esperer la même chose aux Romains durant un grand nombre d’années. D’ailleurs et cela devoit leur faire souffrir avec patience les délais et les incertitudes de Gondebaud ; Sigismond le fils et le successeur nécessaire de ce prince avoit fait publiquement profession de la religion catholique. Il paroît par plusieurs lettres écrites à Sigismond du vivant de son pere par Avitus, que dès-lors Sigismond s’étoit réuni publiquement à l’Eglise. Nous avons même parmi les lettres de ce prélat, celle qu’il écrivit au nom de Sigismond au pape Symmaque mort plusieurs années avant Gondebaud, et dans cette lettre Sigismond après avoir rendu l’obédience à sa Sainteté et l’avoir remerciée des reliques qu’elle lui avoit envoyées, lui en demande encore de nouvelles. Ainsi les Romains sujets de Gondebaud étant contens de son administration, Clovis qui sans eux ne pouvoit rien contre lui, aura dissimulé l’infraction du traité d’Avignon. Il l’aura soufferte d’autant plus patiemment que ces mêmes Romains lui auront dès-lors proposé peut-être, la ligue qu’il fit en cinq cens six avec Gondebaud contre Alaric hérétique endurci et fils d’Euric le persécuteur.