Page:Dubos - Histoire critique de l'établissement de la monarchie françoise dans les Gaules, Tome II, 1742.djvu/172

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née cinq cens, et qu’elle eut alors beaucoup de part aux progrès des Francs par l’usage qu’elle aura sçû faire de son crédit sur l’esprit des Romains sujets du roi des Bourguignons. Suivant toutes les apparences, nos trois évêques auront été de ceux que Clotilde avoit pour lors engagés dans le parti des Francs, et ils se seront déclarés si violemment, qu’après la révolution qui remit Gondebaud sur le thrône, ils n’auront osé rester dans ses Etats.

On peut conjecturer encore qu’Eptadius, prêtre de l’église d’Autun, étoit aussi un des Romains, sujets de Gondebaud, qui furent après son rétablissement réduits à s’exiler de ses Etats, parce qu’ils s’étoient déclarés avec trop de chaleur pour les Francs, et qu’ils avoient commis contre leur souverain naturel de ces attentats, dont les coupables sont toujours exceptés des amnisties generales que les princes accordent à la fin des guerres, qui sont à la fois guerre civile et guerre étrangere. On peut voir dans le Pere Le Cointe[1] que lorsqu’il fut question d’élire cet Eptadius évêque d’Auxerre, dont le diocèse qui appartenoit aux Francs confinoit avec le pays des Bourguignons, et se trouvoit par conséquent exposé à leurs insultes, Clovis qui les ménageoit dans ce tems-là, ne voulut point consentir à l’élection proposée, avant que d’avoir fait trouver bon à Gondebaud qu’on y procedât.

Enfin pour confirmer nos conjectures sur les causes des deux révolutions qui arriverent en cinq cens dans le royaume de Bourgogne, nous rapporterons le contenu d’une lettre d’Avitus à Aurelien, personnage illustre. On a vû que ce ministre de Clovis avoit fait plusieurs voyages en Bourgogne pour y négocier le mariage de son maître avec Clotilde. Or la lettre d’Avitus paroît être la réponse à une lettre qu’Aurelien qui ne sçavoit point encore tout ce qu’Avitus sçavoit déja, lui avoit écrite pendant le siege d’Avignon, et dans le tems que Gondebaud paroissoit terrassé de maniere qu’on ne devoit pas croire à moins que d’être du secret, que ce prince dût si-tôt se relever.

» C’est un heureux présage que nos amis profitent de la sérenité passagere qui nous luit, pour nous donner de leurs

  1. Ann. Eccl. Franc. tom. 1. p. 210.