Page:Dubos - Histoire critique de l'établissement de la monarchie françoise dans les Gaules, Tome II, 1742.djvu/178

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tre parens, on prend des Arbitres. Vous-même n’avez-vous pas quelque scrupule sur la justice de vos prétentions, quand vous voyez que nous doutons qu’elles soient bien fondées, & que nous ne serons point de votre parti ? Mais si nous sommes résolus de nous déclarer contre vous, nous & tous nos amis, au cas que vous ne déferiez point à nos representations ; nous sommes aussi résolus de nous déclarer contre Alaric, s’il passoit outre nonobstant les remontrances que nous lui avons faites. Nous envoyons donc Tel et tel en qualité de nos Ambassadeurs auprès de votre personne, & auprès de celle du Roi notre gendre afin qu’ils travaillent à vous réconcilier, & que les Francs & les Visigots, dont les affaires ont si bien prosperé à la faveur d’une paix durable entre les deux Nations, ne s’entredétruisent point dans une guerre entreprise inconsiderément. Nos Ambassadeurs sont aussi chargez de vous dire de bouche plusieurs choses. Au reste, soyez persuadé que les avis que je vous donne, partent uniquement de l’amitié que j’ai pour vous. On ne conseille pas, comme je vous conseille, les personnes dont on voit avec peine la prosperité.

Dans la lettre écrite sur le même sujet au roi des Bourguignons par Theodoric, on démêle un peu plus distinctement les veritables sentimens de ce dernier, qu’on ne les démêle dans les deux lettres précedentes. L’on y apperçoit donc sensiblement, que celui qui l’écrivoit, avoit envie de s’arroger une espece de supériorité sur tous les rois barbares qui avoient des quartiers dans les Gaules. Voici la substance de cette lettre.

» Il est triste de voir sans oser trop se déclarer, deux Princes à qui l’on prend beaucoup d’interêt, prêts à en venir aux mains, & à s’entredétruire. Il n’y a point de Roi dans les Gaules qui n’ait reçû de moi plusieurs témoignages d’une veritable affection. Vous m’êtes tous également chers, & vous ne pouvez vous entre-nuire, que je ne ressente les maux que vous vous faites. C’est donc à moi de temperer le courage boüillant de deux jeunes Rois qui ne sçauroient se moderer, tout instruits qu’ils sont que leur emportement est condamné par les personnes d’âge & d’experience. Qu’ils apprennent à