Page:Dubos - Histoire critique de l'établissement de la monarchie françoise dans les Gaules, Tome II, 1742.djvu/180

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Varnes, et au roi des Turingiens. En voici la teneur : » Le Ciel hait les superbes, & tout le monde a interêt de s’unir pour reprimer leur orgueil. En effet, celui qui veut opprimer un Peuple, j’ose dire, si commode, qu’il n’y a point de Nation qui ne souhaitât de l’avoir pour son voisin, donne à penser qu’il ne lui manque qu’une occasion pour faire passer sous son joug tous les autres Peuples. Un Prince qui méprise l’équité, le croit tout permis dès qu’il a réussi dans une entreprise injuste, & il doit par conséquent devenir l’objet de l’aversion de tout le monde. Soulevez-vous donc contre des projets iniques, vous que votre valeur destine à être le frein de l’ambition démesurée. Commencez par joindre des Ambassadeurs à ceux que le Roi Gondebaud & moi nous envoyons à Clovis, pour le détourner d’attaquer les Visigots, & pour l’obliger à respecter l’équité & le droit des Gens. S’il ose refuser de prendre pour Arbitres tant de Rois si puissans, qu’il soit en but à toute la terre. En effet, que peut demander de plus un Souverain qui a des principes de justice, que l’offre que d’aussi bons garans que vous & moi lui font conjointement, de lui faire donner une satisfaction raisonnable sur tous ses griefs. A dire sincerement ce que je pense, un Souverain qui ne veut point reconnoître l’autorité des Loix du droit des Gens, roule dans la tête le projet d’ébranler les fondemens de tous les autres Etats. Arrêtons un pareil torrent dès le commencement de son cours, afin d’épargner aux Pays exposés à ses ravages, les efforts qu’il lui faudroit faire pour lui opposer des digues qu’il lui fût impossible d’entraîner. Enfin souvenez-vous des marques d’amitié qu’Euric le pere d’Alaric, vous a données en tant d’occasions, des presens magnifiques qu’il vous a envoyés, & des démarches utiles qu’il a faites si souvent, pour empêcher les incursions que vos voisins étoient prêts de faire dans les Contrées que vous occupez. Voici le tems de témoigner au fils la reconnoissance des bons offices du pere, laquelle vous vous faites un mérite de conserver. Si le superbe édifice