Page:Dubos - Histoire critique de l'établissement de la monarchie françoise dans les Gaules, Tome II, 1742.djvu/186

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beaucoup de part à la révolution qui fit passer en cinq cens sept et les années suivantes sous la domination des Francs, la plus grande portion de la partie des Gaules, qui avoit été jusques-là sous la domination des Visigots.

Quoiqu’ayent fait alors ces prélats, on ne sçauroit, comme nous l’avons déja précedemment observé, reprocher rien à leur mémoire. La cession de Julius Nepos faite comme nous avons vû qu’elle l’avoit été, et celle d’Odoacer encore moins valide, n’avoient pas pû transporter aux Visigots les droits de l’empire sur les Gaules. Ainsi ces droits étoient toujours demeurés aux empereurs des Romains ; et après le renversement du trône d’Occident, ils avoient passé à l’empereur des Romains d’Orient. Ce prince jusqu’à la cession des Gaules faite aux Francs vers l’année cinq cens trente-sept par l’empereur Justinien, étoit demeuré toujours le véritable souverain des Gaules. C’étoit donc Anastase qui en cinq cens sept étoit le souverain legitime des évêques, qui nonobstant que leurs diocèses se trouvassent sous la domination d’Alaric, ne laisserent pas de favoriser les armes de Clovis. Or si nous ne sçavons pas que cet empereur eut ordonné d’avance à ces prélats de se conduire, ainsi qu’ils se conduisirent durant la guerre dont nous allons parler, nous sçavons du moins certainement qu’il approuva leur conduite, en conférant, quand elle duroit encore, le consulat au roi des Francs, à celui qu’ils avoient en quelque façon choisi pour les gouverner.

Voyons ce qu’on lit dans Gregoire de Tours, concernant la cause prochaine d’une guerre aussi memorable que celle dont il est ici question. Notre historien écrit immédiatement après avoir parlé de l’entrevûe d’Amboise. » Les Gaules étoient alors remplies de personnes qui souhaitoient avec une extrême passion de se voir sous la domination des Francs ; & même Quintianus Evêque de Rodez fut chassé de son Siege, comme étant de leurs partisans. En effet, les ennemis ne lui reprochoient autre chose que l’envie qu’il avoir de voir les Francs maîtres de son Diocèse. Une brouillerie qu’il eut dans ce tems-là avec ses Concitoyens, donna lieu à des rapports qui firent croire aux Visigots qui se tenoient dans la Cité de Rodez, que Quintianus vouloit effectivement la livrer à Clovis. Ils prirent là-dessus la résolution de se défaire de cet Evêque ;