Page:Dubos - Histoire critique de l'établissement de la monarchie françoise dans les Gaules, Tome II, 1742.djvu/209

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ciles tenus en Espagne sous le regne de ce prince, et desquelles nous ferons usage dans le chapitre suivant.

En second lieu, comme il est constant, ainsi qu’on le verra dans la suite, que lorsque Theodoric fit la paix avec les Francs, il la fit au nom des Visigots, aussi-bien qu’au nom des Ostrogots, il s’ensuit que Theodoric ne la conclut que lorsqu’il regnoit déja sur les Visigots, et par conséquent que Theodoric n’a point pû faire cette paix avant l’année cinq cens dix que Gésalic fut déposé, quoique nos auteurs modernes la lui fassent faire beaucoup plutôt. Il s’ensuit encore de-là, que la venue de Clovis à Tours, et plusieurs autres évenemens de notre histoire qu’on a placés dans nos annales avant l’année cinq cens neuf, sont des faits posterieurs à cette année-là.

Pour revenir à l’année cinq cens sept, voici quelle étoit, lorsqu’elle finit, la situation des affaires de la Gaule. Clovis allié des Bourguignons faisoit conjointement avec eux la guerre aux Visigots et à Theodoric qui s’étoit déclaré pour eux, et qui même étoit alors en personne en deçà des Alpes. On a vû les motifs qui lui avoient fait prendre les armes en faveur des Visigots, peuple de même nation, de même religion que lui, et dont il vouloit mettre la couronne sur la tête d’Amalaric son petit-fils. Cependant les conjonctures obligeoient encore Theodoric à souffrir que Gésalic continuât de regner sur les Visigots, et même elles le réduisoient à la nécessité d’agir de concert avec lui contre leurs ennemis communs. Quelles contrées les Bourguignons avoient-ils conquises sur les Visigots à la fin de l’année cinq cens sept, je n’en sçai rien ? Mais du moins il est bien certain que les suites de la bataille de Vouglé les affranchirent de l’espece de dépendance à laquelle on a vû qu’Euric les avoit assujettis. Quant aux Francs, il paroît, et par tout ce qu’on a déja vû, et par l’histoire des tems postérieurs, qu’ils s’étoient rendus maîtres des deux Aquitaines, de la Novempopulanie, et même de quelque partie de la premiere Narbonnoise, dont les Visigots avoient cependant conservé la métropole, et quelques autres cités.

Ce ne fut apparemment qu’après avoir fait la plus grande partie de ces conquêtes, que les Francs assiegerent Carcassonne. Gregoire De Tours auroit bien pû dire quelque chose de ce siege, mais comme l’évenement n’avoit point été heureux pour Clovis, l’historien ecclésiastique des Francs a jugé à propos de n’en faire aucune mention. Il passe donc tout d’un coup de la mort d’Alaric à ce que fit Clovis quand