Page:Dubos - Histoire critique de l'établissement de la monarchie françoise dans les Gaules, Tome II, 1742.djvu/210

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la campagne de cinq cens sept fut finie. » Le Roi des Francs, dit Gregoire de Tours, passa l’hyver de cinq cens sept à cinq cens huit, dans Bordeaux, où il se fit apporter de Toulouse une partie des trésors d’Alaric qu’on gardoit dans cette Ville-là. Il se presenta ensuite devant Engoulême, & il fut si bien servi par la Providence, que dès qu’il se trouva en vûë de la place, un pan de ses murailles s’éboula. Cet accident contraignit les Visigots d’abandonner Engoulême, dont les habitans prêterent serment de fidelité à Clovis. » On voit bien que cet évenement qui arriva après le quartier d’hyver qui avoit terminé la campagne de cinq cens sept, appartient à l’année cinq cens huit.

De quelque maniere que soit tombé le pan de muraille qui ouvrit la place, il est certain qu’elle étoit d’une extrême importance à Clovis, puisque tant que les Visigots l’auroient conservée, les Francs n’auroient jamais été possesseurs assurés de la premiere Aquitaine, quoiqu’ils la tinssent en entier.

De tous les évenemens de cette guerre, celui dont nous sçavons le plus de particularités, est le siege mis devant Arles par les Francs et par les Bourguignons, qui furent enfin obligés à le lever avec beaucoup de perte. Cependant aucune de ces particularités ne nous apprend positivement en quelle année Arles fut assiegé. Quelques historiens modernes ont cru que Clovis avoit assiegé Arles dès cinq cens sept, mais il n’y a point d’apparence que ce prince au sortir de la levée du siege de Carcassone ait été attaquer Arles. Je crois donc avec le Pere Daniel que ce fut après s’être assuré des deux Aquitaines par la prise d’Engoulême, que Clovis fit ce siege mémorable, auquel il se sera préparé dès l’hyver de cinq cens sept à cinq cens huit. En effet, ce qu’on lit dans les Fastes de Cassiodore sur l’année cinq cens huit, semble indiquer que ce fut cette année-là que les ennemis de Theodoric assiegerent Arles, et qu’ils furent contraints à lever le siege avec beaucoup de perte. Il y est dit : » Sous le consulat de Venantius le jeune et de Celer, notre prince Theodoric fit pas-