Page:Dubos - Histoire critique de l'établissement de la monarchie françoise dans les Gaules, Tome II, 1742.djvu/211

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ser dans les Gaules, que l’invasion des Francs avoit mises en confusion, une armée qui battit ses ennemis, les mir en fuite, & le rendit maître du Pays. » On verra que toutes ces circonstances conviennent à ce que nous sçavons concernant la levée du siege d’Arles, et ceux qui connoissent les exagérations de Cassiodore ne seront pas surpris qu’il ait parlé si magnifiquement des suites de cet évenement, qui aboutirent à faire prendre aux Ostrogots quelques villes sur les Bourguignons, à la faveur de la déroute de l’armée des assiegeans.

Rien n’étoit plus important pour les Francs et pour leurs alliés, que de se rendre maître d’Arles, afin de couper en la prenant, toute communication entre la province que les Ostrogots tenoient dans les Gaules, et la partie de la premiere Narbonnoise que les Visigots avoient conservée. Arles le dernier siege de la préfecture du prétoire des Gaules est bâti sur la gauche du Rhône, vis-à-vis la pointe de l’isle que forme ce fleuve partagé en deux bras, et laquelle se nomme la Camargue. Ainsi la ville dont je parle étoit maîtresse des ponts sur lesquels on passoit les deux bras du Rhône, parce qu’elle défendoit le premier de dessus ses murailles, et qu’elle s’étoit apparemment assurée du second par un fort dont il lui étoit facile de rafraîchir et d’augmenter la garnison. Les Francs et les Bourguignons avoient donc autant d’interêt à se rendre maîtres de la ville d’Arles, qu’en avoient les Visigots à la prendre lorsqu’ils firent sur elle les differentes entreprises dont nous avons parlé dans plusieurs endroits de cet ouvrage.

Quoique nous sçachions plusieurs particularités du siege que les Francs et les Bourguignons mirent en cinq cens huit devant cette place, cependant nous n’en avons point une relation suivie. L’idée generale qu’on s’en forme après avoir réfléchi sur les détails de cet évenement qui nous sont connus, et que nous allons rapporter, est que les Francs qui venoient des Aquitaines et qui arrivoient devant Arles par la droite du Rhône, tâcherent d’abord de s’emparer du pont qui leur auroit donné entrée dans la Camargue, mais qu’ayant été repoussés, ils passerent ce fleuve sur des bateaux, et que s’étant joints aux Bourguignons ils investirent la ville du côté de terre, qu’ils l’affamerent, et qu’ils l’avoient même réduite à l’extrêmité, lorsque l’approche de l’armée de Theodoric les obligea de lever le siege. Rapportons presentement les circonstances que nous en apprennent les auteurs contemporains, mais après avoir averti