Page:Dubos - Histoire critique de l'établissement de la monarchie françoise dans les Gaules, Tome II, 1742.djvu/224

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cha point de continuer à nommer les Officiers civils & les Officiers militaires, qui devoient commander en Espagne & dans la partie des Gaules demeurée aux Visigots, de maniere que tant qu’il vêcut, son autorité fut toujours reconnue dans tous ces pays-là. Il obligeoit même les Officiers civils à lui envoyer chaque année ce qui restoit des revenus publics, les charges acquittées. Véritablement, afin qu’on ne l’accusât point de s’approprier le bien du Roi son petit-fils, il employoit ce fonds en entier, à donner chaque année aux Gots qui servoient des gratifications. Il arriva, dans la suite du tems même que les Visigots & les Ostrogots s’accoutumerent par l’habitude où ils étoient de vivre dans les mêmes pays, & d’obéir au même Maître, à se regarder comme étant redevenus une seule Nation, de sorte que les uns & les autres ils marioient leurs enfans ensemble. » On vient de voir que les Pays que Theodoric cedoit aux Francs par la paix, étoient du Royaume des Visigots, tel que l’avoit tenu Alaric second.

Quel parti Theodoric aura-t-il fait aux Bourguignons ? Les auteurs anciens n’en disent rien. On sçait un peu mieux ce que la nation gothique garda dans les Gaules en consequence de la paix faite entre Theodoric et Clovis. La suite de l’histoire nous apprend donc, que les Ostrogots conserverent alors, c’est-à-dire en cinq cens dix, la province qu’ils avoient dans les Gaules entre les Alpes, la Méditerranée et le bas Rhône, laquelle étoit bornée du côté du nord au moins en partie, par la Durance, et qu’ils s’approprierent Arles, soit à titre d’indemnité des frais de la guerre, soit par échange. Quant aux Visigots, ils conserverent Narbonne, et cinq ou six autres cités du district qu’avoit en cinq cens dix cette métropole. C’est de quoi nous parlerons plus amplement dans la suite.

Ce fut suivant les apparences immédiatement après la conclusion de la paix, dont nous venons de parler, que Clovis écrivit aux évêques des Gaules la lettre suivante, qui s’est sauvée du naufrage où tant d’autres monumens de nos antiquités ont péri. Voici le contenu de cette lettre circulaire.

» le roi Clovis, aux saints évêques les dignes successeurs des Apôtres. Vous aurez appris du moins par la Renommée, quels ont été les ordres que nous avons donnés à nos troupes quand elles étoient sur le point d’entrer dans les Provin-