Page:Dubos - Histoire critique de l'établissement de la monarchie françoise dans les Gaules, Tome II, 1742.djvu/236

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croyent du tems où l’on bâtit l’église, ce qui fut fait sous le regne de Childebert un des fils du roi Clovis. Voici ce que notre auteur dit concernant la statuë de ce prince, qui est la seconde de celles qui sont à main droite quand on sort de l’église. » La statuë qui est après celle de l’Evêque Saint Remy, represente un Roi revêtu d’habillemens magnifiques & qui ont beaucoup d’ampleur. Il porte une couronne sur la tête, & il tient de la main gauche un rouleau de papier, sur lequel cependant on n’apperçoit aucun caractere, soit qu’il n’y en ait jamais eu, soit que le tems ait effacé ceux qu’on y avoit écrits. Dans la main gauche, notre statue tient un sceptre terminé par un aigle & semblable à celui que les Consuls portoient en plusieurs occasions comme une des marques de leur dignité. Cela doit empêcher de douter que la figure dont nous parlons ne soit la statuë de Clovis, le pere des autres Rois qu’on voit à ce Portail, & que le Sculpteur n’ait affecté de le representer avec les marques du Consulat qu’il avoit reçûës de l’Empereur Anastale avec le Diplome qui lui conferoit cette dignité, & lesquelles il porta lorsqu’il partit de l’Eglise bâtie sur le tombeau de Saint Martin pour faire la cavalcade que décrit Gregoire de Tours. »

Quoique le sentiment de Dom Thierri Ruinart[1] soit très-plausible de lui-même, et qu’il soit encore appuyé sur l’autorité de Dom Jean Mabillon, cependant il n’a pas laissé d’être combattu par un auteur anonime. Mais la réponse que Dom Jacques Bouillart[2] a faite à ce critique, satisfait si bien à ses difficultés, qu’il seroit inutile d’employer d’autres raisons à les détruire : ainsi je me contenterai d’une nouvelle observation pour confirmer le sentiment des sçavans benedictins que je viens de citer. C’est que des cinq figures de rois qui sont au portail de saint Germain des Prez, celle qui represente Clovis est la seule qui porte à ses pieds de ces souliers à lune[3], qui chez les Romains

  1. Annal. Bened. tom. pr. pag. 169.
  2. Hist. de l’Abbaye S. Germain, p. 269.
  3. Lunati calcci.